Les autorités ont approuvé la levée de la suspension, décidée en juin 2021 par le gouvernement, selon un communiqué publié mercredi soir.
A 07H00 (06H00 GMT) jeudi, le réseau social était de nouveau accessible depuis Lagos, la capitale économique du Nigeria, a constaté une journaliste de l'AFP.
"Nous sommes heureux que Twitter ait été rétabli pour tout le monde au Nigeria", a réagi un porte-parole du réseau social, contacté par l'AFP.
"Notre mission au Nigeria - et partout dans le monde - est de servir la conversation publique.Nous sommes profondément engagés au Nigeria, où Twitter est utilisé par les gens pour le commerce, l'engagement culturel et la participation civique", a-t-il ajouté.
Les autorités nigérianes affirment qu'après plusieurs mois de négociations, Twitter a finalement accédé à "toutes les conditions fixées par le gouvernement fédéral", notamment en matière de taxation et de gestion des contenus ne respectant pas les lois du Nigeria.
Twitter s'est "également engagé à établir une entité légale au Nigeria durant le premier trimestre de 2022", précise ce communiqué.
Signe de cette nouvelle relation entre le réseau social et les autorités, la présidence et les membres du gouvernement nigérian ont recommencé à tweeter dès jeudi matin.
De leur côté, les internautes nigérians accueillaient avec joie la levée de la suspension et la commentaient en masse sur le réseau social.
- Avalanche de réactions -
Le hashtag #TwitterBan (#InterdictionDeTwitter, en français) était la première tendance sur le réseau social au Nigeria jeudi matin.
"Nous sommes de retour", "Retournons sur Twitter comme si nous ne l'avions jamais quitté", pouvait-on lire sous ce hashtag.
Cependant, de très nombreux utilisateurs - dont notamment les associations de défense de droits humains - critiquaient la décision initiale du gouvernement de suspendre le réseau social.
"Amnesty International se réjouit de la décision des autorités nigérianes de lever l'interdiction de Twitter", a tweeté l'organisation, soulignant que "cette interdiction était illégale (...) et était une attaque au droit à la liberté d'expression".
"La levée de l'interdiction ne fera pas oublier aux Nigérians l'intolérance du président Buhari envers les libertés démocratiques", a publié l'ONG Nigérians Concernés.
D'autres critiquaient le coût économique de cette suspension, alors que de nombreux internautes utilisaient le réseau social pour leur petit commerce en ligne.
Abuja avait annoncé début juin 2021 la suspension de Twitter pour "une durée indéterminée" après avoir notamment accusé le réseau social d'avoir une "mission suspecte" contre le gouvernement nigérian, et de tolérer sur sa plateforme les messages du chef d'un groupe séparatiste incitant à la violence dans le sud-est du Nigeria.
La suspension de Twitter était intervenue deux jours après la suppression par le réseau social d'un message du président Muhammadu Buhari.Le chef de l'Etat avait menacé de "traiter avec un langage qu'ils comprennent" les responsables des violences dans le sud-est du Nigeria - attribuées par les autorités à des séparatistes igbos -, ravivant les terribles souvenirs de la guerre du Biafra qui a fait plus d'un million de morts dans les années 1960.
La suspension de Twitter, puis l'ordre du gouvernement aux médias audiovisuels de supprimer leur compte dans un geste "patriotique", avait suscité une profonde consternation au Nigeria, pays jeune et très connecté, où ce réseau social est un important outil de contestation sociale.
- Jeunesse ultraconnectée -
L'Union européenne, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis et le Canada avaient alors déploré la suspension de Twitter.
Les 3/4 des 210 millions de Nigérians ont moins de 24 ans, une jeunesse ultraconnectée.Environ 20% de la population - soit 40 millions de personnes - dit avoir un compte Twitter.
Ces dernières années, la plateforme avait joué un rôle important dans le débat public, avec des hashtags qui ont eu un grand écho, comme #BringBackOurGirls ("Ramenez nos filles"), devenu viral lors de l'enlèvement de 276 écolières par le groupe jihadiste Boko Haram en 2014, ou #EndSARS, qui a donné en 2020 son nom au vaste mouvement contre les brutalités policières et contre le pouvoir.
Après la suspension de Twitter, les usagers internet nigérians avaient téléchargé en très grand nombre des VPN (réseau privé virtuel), permettant l'accès à Twitter partout dans le monde.
Jeudi sur Twitter, des milliers de Nigérians remerciaient les VPN pour leur avoir permis de continuer à accéder au réseau social durant la suspension.
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