En guerre avec les forces pro-gouvernementales depuis novembre 2020, les combattants du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) ont avancé ces derniers mois au-delà des limites du Tigré, dans les régions voisines de l'Afar et l'Amhara, et n'ont pas exclu de marcher sur la capitale Addis Abeba.
Evoquant les conditions préalables à des discussions, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Dina Mufti, a toutefois souligné que le principe même de discussions avec les rebelles n'était pas acquis.
"Pour qu'il y ait une solution pacifique, il faut être deux", a-t-il déclaré jeudi à la presse.
"Il y a des conditions.D'abord, arrêtez vos attaques.Deuxièmement, quittez les zones dans lesquelles vous êtes entrés (l'Amhara et l'Afar, ndlr).Troisièmement, reconnaissez la légitimité de ce gouvernement", a-t-il poursuivi.
"Mais ne vous méprenez pas, il n'est pas dit qu'une décision a été prise d'entamer des négociations", a-t-il ensuite insisté.
Le porte-parole du TPLF, Getachew Reda, a déclaré à l'AFP ce week-end qu'un retrait préalable de l'Amhara et de l'Afar n'était "absolument pas envisageable".
De son côté, le TPLF demande la fin de ce que l'ONU qualifie de blocus "de facto" du Tigré, où des centaines de milliers de personnes vivent dans des conditions proches de la famine, selon l'ONU.
- Pénurie de médicaments -
Aucune aide n'est arrivée au Tigré par la route depuis le 18 octobre et 364 camions sont bloqués dans la capitale régionale de l'Afar "en attendant l'autorisation des autorités pour procéder", a indiqué jeudi l'ONU dans son rapport hebdomadaire sur la situation humanitaire.
"On estime que 80% des médicaments essentiels ne sont plus disponibles au Tigré alors que la plupart des établissements de santé ne sont pas fonctionnels en raison de dégâts et du manque de stocks", indique le rapport.
L'hôpital Ayder, le principal de la région, a annoncé avoir dû fermer son programme de traitement du cancer, "laissant quelque 500 patients sans traitement".
La semaine dernière, le gouvernement a décrété l'état d'urgence dans l'ensemble du pays, déclenchant une vague d'arrestations massives.
Vingt-deux membres du personnel de l'ONU ont été arrêtés lors de raids qui, selon des groupes de défense des droits de l'homme, ciblent les Tigréens.Neuf étaient toujours en détention mercredi.
L'ONU a également alerté sur les cas de 72 chauffeurs contractés par le Programme alimentaire mondial détenus en Afar.
Le gouvernement affirme que ces arrestations font partie d'un effort légitime pour éradiquer l'organisation "terroriste" du TPLF.
Dina Mufti a déclaré que les travailleurs de l'ONU "ont le devoir de respecter le peuple éthiopien et la loi éthiopienne", bien qu'il a reconnu que "des erreurs peuvent être commises" et qu'une enquête sera menée.
Un communiqué du gouvernement a annoncé jeudi que tous les propriétaires ont une semaine pour fournir à la police des informations sur leurs locataires.
Plus de 27.500 jeunes ont par ailleurs été recrutés pour participer aux opérations de sécurité à Addis-Abeba, a indiqué l'agence de presse éthiopienne (EPA) citant un responsable de la ville.
- Réunions diplomatiques -
Ces derniers jours, les diplomates étrangers ont intensifié leurs efforts pour tenter d'arracher un cessez-le-feu.
L'émissaire américain pour la Corne de l'Afrique, Jeffrey Feltman, a quitté l'Éthiopie mercredi après plusieurs jours de réunions dans le pays et au Kenya voisin, selon des responsables informés de ses déplacements.
L'émissaire de l'Union Africaine pour la région, Olusegun Obasanjo, devait, lui, quitter le pays jeudi après une dernière entrevue avec le Premier ministre Abiy Ahmed, ont indiqué des responsables. Il s'était précédemment rendu à Mekele, la capitale du Tigré, où il a rencontré des dirigeants du TPLF.
Les Etats-Unis, qui ont apporté leur "puissant soutien" à l'ancien président nigérian, ont estimé mercredi qu'il existait "une fenêtre" pour stopper ce conflit dévastateur.
M. Abiy a envoyé l'armée au Tigré pour destituer les autorités régionales issues du TPLF, qu'il accusait d'avoir attaqué des bases militaires.
Après leurs récentes avancées, le TPLF, et ses alliés de l'Armée de libération oromo (OLA), affirment désormais se trouver à environ 300 kilomètres au nord d'Addis Abeba.
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