"Le commandement de l'Armée nationale libyenne (ANL, loyale au maréchal Haftar) a décidé de faire partir un premier groupe de 300 mercenaires et combattants étrangers", ont indiqué des représentants de l'ANL dans un communiqué, ajoutant avoir pris cette décision à "la demande de la France".
Le communiqué, dont l'AFP a obtenu une copie, émane des représentants du camp Haftar dans le "Comité militaire mixte libyen (5+5)", une structure regroupant cinq membres du gouvernement libyen sis à Tripoli et cinq membres représentant l'Est, et chargé de la mise en œuvre de l'accord de cessez-le-feu signé entre les deux parties en octobre 2020.
Lors de la guerre entre les pouvoirs rivaux dans l'Ouest et l'Est en 2019 et 2020, la Turquie avait soutenu le gouvernement basé à Tripoli tandis que le maréchal Haftar avait reçu l'appui des Emirats arabes unis, de la Russie et de l'Egypte.
Parmi les acteurs extérieurs figuraient aussi des mercenaires du groupe privé russe Wagner, soutiens du camp de l'Est, ainsi que des Tchadiens, des Soudanais, des Nigériens et des Syriens.
L'accord de cessez-le-feu d'octobre 2020 prévoyait le départ simultané des combattants étrangers dans un délai de 90 jours mais aucun retrait significatif n'a été signalé depuis.
Dans le communiqué de jeudi, les militaires de l'Est ont affirmé que le départ de 300 mercenaires et combattants étrangers se ferait comme un geste unilatéral n'impliquant pas une mesure de réciprocité de la part du gouvernement de Tripoli.
Les représentants de l'ANL ont en outre affirmé que le départ de ces combattants "se fera en coordination avec leurs pays et avec la Mission d'appui de l'ONU en Libye" (Manul).Les nationalités des combattants appelés à partir n'ont pas été précisées.
Cette annonce a été faite à la veille d'une conférence internationale sur la Libye que le président français Emmanuel Macron réunit à Paris pour donner une ultime "impulsion" aux élections prévues en décembre (présidentielle) et janvier (législatives), qui restent très incertaines sur fond de regain de tensions entre camps rivaux.
Ces scrutins, aboutissement d'un processus politique laborieux parrainé par l'ONU, sont censées tourner la page d'une décennie de chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011 et mettre fin aux divisions et aux luttes fratricides entre factions rivales en Libye.
Le 8 octobre à Genève, le Comité militaire mixte avait convenu d'un Plan d'action global pour le retrait "progressif, équilibré et séquencé des mercenaires, des combattants étrangers et forces étrangères du territoire libyen", selon l'ONU qui a organisé cette rencontre.
Fin octobre, des représentants du Tchad, du Niger et du Soudan avaient été conviés par la Manul à une réunion avec le Comité militaire mixte au Caire en vue de préparer le retrait des mercenaires et de combattants originaires de leurs pays.
La France a dit souhaiter voir endossé lors de la conférence de vendredi "le plan libyen de départ des forces et mercenaires étrangers".
Plusieurs milliers de mercenaires russes -notamment du groupe privé Wagner - turcs ou syriens pro-turcs, tchadiens et soudanais sont encore présents en Libye, selon l'Elysée.
La Turquie se montre peu pressée d'engager un retrait de ses forces et le Kremlin dément tout envoi de militaires ou mercenaires en Libye ainsi que tout lien avec le groupe Wagner.
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