L'accusé, Hamou Benlatreche, en fauteuil roulant depuis les blessures par balles reçues lors de son interpellation, comparaît pour "tentative d'assassinats sur personnes dépositaires de l'autorité publique en relation avec une entreprise terroriste". Le 9 août 2017, il avait blessé six soldats, dont trois sérieusement, en fonçant sur eux au volant de sa voiture à Levallois-Perret, au nord-ouest de Paris, avant de prendre la fuite. Au premier jour de son procès, l'homme âgé de 41 ans, qui a toujours soutenu avoir perdu le contrôle de son véhicule à cause d'un malaise, est revenu lundi sur son parcours marqué par des problèmes de santé depuis 2001 - un cavernome cérébral, une malformation des vaisseaux sanguins du cerveau, non opérable. La tête baissée, s'exprimant à voix basse, avec l'aide d'une interprète, il a expliqué devant la cour d'assises spéciale souffrir depuis d'un strabisme divergent et être sujet à des vertiges et des évanouissements. "J'ai commencé à ne penser qu'à ça, à ma maladie. (...) Le professeur qui m'a ausculté (à Alger) m'a dit: +Tu n'as aucune chance d'être soigné si tu restes ici en Algérie+." "En 2009, j'ai obtenu mon visa et je suis venu dans ce pays uniquement pour me soigner, pas pour faire des problèmes", a ajouté Hamou Benlatreche. Il travaille alors sur les marchés. Il est nourri et logé grâce au réseau de solidarité de la mosquée qu'il fréquente. L'enquêtrice a décrit un homme sans amis, recherchant la solitude et la tranquillité, se rendant tous les jours à la mosquée Ennour de Sartrouville, région parisienne. A partir de 2014, il travaille à mi-temps dans la grande distribution puis, en parallèle, comme chauffeur de VTC, en dépit de ses problèmes de santé. Interrogé sur son rapport à l'islam et la fréquentation d'un groupe de prédication tabligh, prônant une interprétation littérale du Coran, il affirme que sa pratique religieuse était des plus banales et sans prosélytisme. Pour expliquer les faits qui lui sont reprochés, Hamou Benlatreche affirme inlassablement qu'il a perdu connaissance et que sa jambe droite s'est alors enfoncée sur la pédale d'accélération, malgré deux expertises jugeant cette version non vraisemblable. Pour l'accusation comme pour les parties civiles, les faits, survenus en pleine vague d'attentats jihadistes en France, portent bien la marque des attaques préconisées par le groupe État islamique (EI). Deux expertises médicales ont par ailleurs jugé son explication non vraisemblable. Les militaires blessés attendent que l'accusé "assume son acte", a déclaré leur avocat Laurent-Franck Lienard à l'AFP avant l'audience. "Il a blessé plusieurs militaires, il a failli en tuer certains (...) il faut que la justice soit intraitable". Selon lui, "la plupart ont quitté" l'armée aujourd'hui. "Ils ont été fauchés brutalement, avec la lâcheté la plus extrême, de dos. Ils n'ont pas pu répliquer et c'est ça le plus dur pour eux", a-t-il expliqué. Le procès doit durer deux semaines.
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