Quelle est la situation réelle avec volcan Nyiragongo aujourd'hui ?
C’est un volcan qui se manifeste par un écoulement de lave. Quand il y a une éruption, cela draine la lave contenue dans le cratère. Et pour le moment nous sommes en train d’assister à la reconstitution progressive de lave qui est dans le cratère central. Son niveau reste encore bas, si non en termes de surface, nous avons déjà un lac de lave qui est là. Ce que nous avons annoncé, c’était en rapport avec ce mouvement de magma vers le cratère central.
Et comme ce n'est pas un magma qui est guidé par quelqu'un, on s’était dit qu’il y a des fissures sur le flat, donc si jamais ces flats s'orientaient vers les cités, ce serait un danger pour la population. Et nous avons déployé énormément d’équipes sur terrains pour vérifier tout cela. A l’heure actuelle où je vous parle, il n’y a encore qu’un signal alarmant sur les flancs du volcan.
Malgré cette situation, vous avez qualifié le niveau d'alerte du volcan de jaune. Donc pour le moment il n’y a pas de risque de nouvelles éruptions ?
Oui le niveau d'alerte reste au jaune. Pour nous, jaune signifie vigilance. Vigilance pour les chercheurs parce qu’ils doivent être déployés sur terrain pour suivre attentivement l'activité et pour la population il y a des conseils qui vont avec. Par exemple, couvrir les aliments parce qu’il y a des poussières qui sont émis dans l'atmosphère, respecter les règles d’hygiène, laver les légumes etc…
Vous avez même demandé aux populations de ne pas consommer les eaux de pluie. Quels sont les risques pour leur santé ?
Le volcan émet des poussières à particules fines. Mêlées à l’eau, celui qui l’avale peut avoir le cancer et d’autres maladies. Je ne suis pas médecin mais ça cause vraiment des dégâts pour la santé.
L’OVG a souvent manqué de moyens suffisants pour assurer la surveillance de l'activité du volcan Nyiragongo classé comme étant le plus dangereux d’Afrique. Depuis les l’éruption de mai dernier, est-ce que vos moyens eux ont été renforcés ?
Oui, nos moyens ont été renforcés en termes d'équipement et de soutien financier. C’est pour cela que nous nous sommes aujourd’hui en mesure de faire plusieurs missions sur terrain et de produire les bulletins dans une fréquence de deux jours. Quand un chercheur observe quelque chose de critique, on peut même produire un bulletin du jour au lendemain. Les équipes qu’on déploie également ne vont pas sans moyen financier. Toutes ces dispositions sont dotées par le gouvernement congolais.
Vous avez aussi reçu des dons des Etats-Unis. Avez-vous aujourd’hui suffisamment de moyens pour remplir correctement votre mission de surveillance ?
Il n’y a pas seulement les Etats-Unis qui ont contribué. En fait, il y a tant de partenaires qui nous ont donné un peu de moyens…La politique, ce n'est pas de remplacer les équipements qui existent, mais c’est de les compléter. Nous avons dernièrement reçu quelques ordinateurs qui étaient venus des Etats-Unis et le câblage et que nous sommes en train d’installer. L’Etat congolais nous a doté aussi de nouveaux équipements que nous sommes en train d'installer dans la salle de réseaux qui est déjà mis en place.
En octobre dernier, vous affirmiez qu'en cas d'éruption l’OVG était en mesure d'estimer avec précision les zones à évacuer et le nombre de personnes qui s'y trouvent. Pour Goma, il s’agit quand même de près d'un million d'habitants, est-ce que c'est toujours le cas ?
Oui tout à fait parce qu’en fait nous avons des outils de dimensions. Une fois qu’on identifie les zones d’où va sortir la lave, on peut indiquer quelle zone sera balayée par la coulée de lave. De là, on peut estimer quelle population se retrouve dans cette zone. Après cela, c’est à la politique civile et à l'autorité provinciale, d'orienter la population vers le site d'accueil.
Certains experts préconisent le déplacement de la ville Saké située à une vingtaine de kilomètres à l'ouest, de Goma. Est-ce que c'est une solution inévitable à terme ou plutôt urgente ?
Ça c’est une décision politique, moi je suis spécialiste en catastrophe naturelle. Donc je mesure les risques. Mais la décision de déplacer une population c'est une décision politique. Nous avons souligné que normalement on doit essayer de voir quelles sont les zones qui sont moins menacées que d’autres. Et ce qu'il faut comprendre c’est que pour la ville de Goma, il n’y a pas de risque zéro car c’est une ville bâtie sur des coulées de lave. La coulée de lave y est déjà arrivée au moins une fois.
Décryptage RDC volcan
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