En guerre depuis un an contre des rebelles de la région du Tigré, le gouvernement fédéral a déclaré l'état d'urgence dans le pays début novembre, après que le groupe rebelle du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) a revendiqué des avancées majeures sur une autoroute-clé menant vers la capitale Addis Abeba. Des avocats et des groupes de défense des droits affirment que depuis, des milliers de Tigréens ont été arrêtés uniquement sur la base de leur appartenance ethnique. Dans un communiqué commun lundi, l'Australie, le Canada, le Danemark, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et les Etats-Unis se sont dits "profondément préoccupés par les récentes informations selon lesquelles l'Etat éthiopien a détenu un grand nombre de citoyens éthiopiens sur la base de leur appartenance ethnique et sans chef d'inculpation". Ces arrestations ne visent "aucun groupe de personnes en particulier en raison de leur identité ethnique", a répondu mardi la porte-parole du Premier ministre Abiy Ahmed, Billene Seyoum, lors d'une conférence de presse. "Insinuer cela est malavisé. Ce n'est pas seulement malavisé, mais cela perpétue également un discours destructeur", a-t-elle déclaré, affirmant que les arrestations et détentions "se basent sur des preuves et des témoignages crédibles". Ces déclarations interviennent au lendemain de l'annonce par le gouvernement que l'armée fédérale avait repris au TPLF les villes stratégiques de Dessie et Kombolcha. Après que les rebelles ont revendiqué ces dernières semaines des gains territoriaux majeurs les rapprochant d'Addis Abeba, Abiy Ahmed a annoncé fin novembre se rendre en personne au front. Depuis, le gouvernement a annoncé la reconquête de plusieurs localités, dont le site de Lalibela, classé au patrimoine mondial de l'Unesco. Le TPLF a rejeté les affirmations du gouvernement et déclaré mener des retraits stratégiques sans avoir été vaincu militairement. La guerre dans le nord de l'Ethiopie a éclaté en novembre 2020 après qu'Abiy Ahmed a envoyé l'armée dans la région septentrionale du Tigré afin d'en destituer les autorités locales, issues du TPLF, qui défiaient son autorité et qu'il accusait d'avoir attaqué des bases militaires. Abiy Ahmed avait proclamé la victoire trois semaines plus tard, après la prise de la capitale régionale Mekele. Mais en juin, le TPLF a repris l'essentiel du Tigré et poursuivi son offensive dans les régions voisines de l'Amhara et de l'Afar. Les près de 13 mois de guerre ont fait plusieurs milliers de morts, plus de deux millions de déplacés et plongé des centaines de milliers d'autres dans des conditions proches de la famine, selon l'ONU. L'Union africaine est à la tête d'une campagne internationale pour tenter de négocier un cessez-le-feu, sans progrès visible jusqu'à présent.
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