Des manifestations ont eu lieu à Tunis contre le coup de force du président tunisien du 25 juillet par lequel il s'est arrogé les pleins pouvoirs et pour marquer le 11e anniversaire de la chute de Zine el-Abidine Ben Ali, le 14 janvier 2011. Ces rassemblements avaient été interdits par les autorités pour des raisons sanitaires face à une résurgence de l'épidémie de Covid-19. Dans des scènes d'une violence qui n'avait plus été vue dans la capitale depuis 10 ans, les policiers ont chargé les manifestants à grand renfort de canons à eau, gaz lacrymogènes et ont procédé à des dizaines d'arrestations musclées. Une vingtaine d'ONG dont la Ligue tunisienne pour la défense des droits de l'Homme et Avocats sans frontières ont appelé dans un communiqué les autorités judiciaires à "assumer leur responsabilités et à ouvrir une enquête sur les pratiques sécuritaires répressives contre des centaines" de personnes. Le correspondant du quotidien Libération, de Jeune Afrique et de RFI a été brutalisé par des policiers et empêché de couvrir cette manifestation, ont dénoncé Libération, RFI et l'association des correspondants étrangers en Afrique du Nord (NAFCC). "Alors qu'il couvrait une manifestation contre le président Kais Saied vendredi, notre correspondant Mathieu Galtier a été violemment frappé par plusieurs policiers. La direction du journal condamne fermement cette agression", a indiqué Libération sur son site. Le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a dénoncé "fortement la violence barbare" de la police contre plusieurs journalistes qui étaient sur le terrain. Le SNJT a déploré plus de 20 agressions policières contre des journalistes, "ciblés alors qu'ils portaient leurs gilets distinctifs et ont fait état de leur statut de journaliste". Ces agressions, également contre des manifestants, "instaurent l'Etat de la répression policière au lieu de l'Etat de la sécurité républicaine", a estimé le SNJT. Selon Libération, le journaliste "Mathieu Galtier filmait l'arrestation musclée d'un manifestant avec son téléphone portable quand il a été pris à partie par un policier en uniforme". Malgré le fait qu'il s'était identifié comme journaliste en français et en arabe, il s'est vu alors "soulevé et traîné entre deux fourgonnettes". "Ils ont commencé à me frapper dans tous les sens, j'étais par terre, recroquevillé en position foetale. L'un d'eux m'a aspergé de gaz à bout portant. Ils m'ont donné des coups de pied. Finalement, ils ont pris mon téléphone, ma carte de presse et ils m'ont laissé là", a-t-il raconté dans Libération. Une fois soigné par les pompiers, ses affaires lui ont été restituées, à l'exception de la carte mémoire de son téléphone sur laquelle étaient enregistrées ses images et vidéos. Le journaliste, installé depuis six ans en Tunisie et qui a fait constater par un médecin des ecchymoses et une "écorchure de 10 centimètres au front", s'est vu prescrire "quinze jours de repos". La NAFCC a condamné, dans un communiqué, "les violences exercées par les forces de sécurité sur les journalistes qui couvraient les mobilisations" à Tunis où a été atteint "un niveau de violence jamais connu depuis la création de NAFCC en 2014". "Un photographe a été notamment matraqué et une vidéojournaliste bousculée et empêchée de filmer", a ajouté l'association qui a aussi demandé l'ouverture d'une enquête "sans délai".
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