"Il y a quelque chose d'assez inhumain, je pense, dans la réponse de ces deux gouvernements", a déclaré lors d'une conférence de presse l'écrivain de 72 ans, récompensé pour ses récits sur l'immigration et la colonisation. Au lendemain de la remise officielle de sa médaille par l'ambassadrice de Suède à Londres, il a fustigé en particulier la réponse britannique, qu'il a admis connaître davantage que la réponse française. "C'est assez étrange de voir le langage, le récit qui est construit contre ou au sujet de ces tentatives de traversées", a-t-il ajouté. Cette prise de position de l'écrivain, né à Zanzibar (Tanzanie) et réfugié en Angleterre à la fin des années 1960, intervient au moment où le Parlement britannique est en train d'adopter une réforme controversée du droit d'asile, et après la mort fin novembre de 27 personnes, noyées alors qu'elles tentaient de gagner les côtes anglaises à bord d'une embarcation gonflable. Ce naufrage représente le pire drame migratoire jamais connu dans le détroit. Parmi les mesures envisagées par la ministre britannique de l'Intérieur Priti Patel figure le projet hautement controversé de repousser les embarcations vers les eaux françaises, que plusieurs associations sont déjà prêtes à attaquer en justice. Abdulrazak Gurnah s'en est également pris "aux grandes inégalités" dans la réponse à la pandémie de coronavirus entre pays riches et pauvres. "C'est tragique pour ceux qui ne sont pas en mesure d'être aidés, qui meurent à cause du manque de médicaments", a-t-il déclaré. Quant à l'absence de félicitations de la part du gouvernement britannique pour son prix Nobel, l'écrivain, qui a acquis la nationalité britannique, l'explique par le fait que "beaucoup de la réponse à ce prix a été de célébrer la récompense d'un écrivain africain". "Donc il est possible que ça puisse être l'explication, qu'ils ne voient pas cet écrivain comme quelqu'un qu'ils doivent féliciter", a-t-il estimé.
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