"Les autorités tunisiennes dissimulent sous certaines assignations à résidence des détentions secrètes sous prétexte d'état d'urgence", a indiqué HRW dans un communiqué, citant les cas de l'ex-ministre de la Justice et numéro deux du parti Ennahdha, Noureddine Bhiri, et de Fethi Baldi, cadre dirigeant de ce parti, bête noire du président Kais Saied. Pour HRW, "les dérives dans l'application" d'une telle "mesure extrajudiciaire" au nom d'une législation d'exception promulguée sous l'ancien président Habib Bourguiba (1957-1987) et régulièrement prorogée, "se sont multipliées" depuis le coup de force de M. Saied qui s'est arrogé les pleins pouvoirs le 25 juillet et "témoignent d'une dangereuse escalade". L'ONG a dénoncé au moins deux autres assignations à résidence avec arrestation et mise au secret, justifiées par le ministère de l'Intérieur, comme pour MM. Baldi et Bhiri, par des soupçons de "grave menace pour la sécurité publique". Ces deux assignations ont été levées quelques jours plus tard. "Les mesures d'exception octroyées par le décret d'urgence sont utilisées de manière abusive et sans contrôle judiciaire" et "font ressurgir le spectre des détentions secrètes", a dénoncé Salsabil Chellali, responsable de HRW pour la Tunisie. MM. Bhiri et Baldi avaient été interpellés et emmenés de force le 31 janvier par des agents en civil vers un lieu inconnu. M. Bhiri a été hospitalisé le lendemain à Bizerte (nord) après la détérioration de son état de santé tandis que le lieu de détention exact de M. Baldi reste secret. M. Bhiri, en grève de la faim et qui a refusé au début de prendre ses médicaments, est nourri et soigné via des perfusions, selon HRW. "Plus d'un mois depuis leur placement en détention, ni Baldi, ni Bhiri n'ont reçu de notification écrite de leur assignation à résidence", a fustigé HRW, ajoutant qu'"aucun mandat d'arrêt n'a été émis et les autorités n'ont divulgué aucune accusation formelle contre eux". Seules leurs familles sont autorisées à leur rendre visite sous supervision policière, une situation déjà dénoncée par l'Instance de prévention de la torture (INPT), un organe indépendant de contrôle des détentions.
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