Au cours des douze dernières années, plus de deux millions de personnes ont dû fuir le nord-est où les jihadistes liés à l'Etat islamique et à son groupe rival Boko Haram multiplient les attaques. Pourtant, d'ici fin décembre, les autorités de l'Etat du Borno - le plus touché par le conflit - prévoient de fermer tous les camps de déplacés dans la capitale Maiduguri puis dans tout l'Etat d'ici 2026. Cette décision vise à encourager la population à reprendre l'agriculture car la plupart des déplacés dépendent de l'aide humanitaire. Dans un rapport basé sur 38 entretiens, Amnesty a exprimé son "inquiétude pour la sécurité de milliers de déplacés internes en danger face aux réinstallations forcées" à Borno. "Le retour forcé des personnes déplacées dans des villages qui ne sont pas sûrs constituerait une violation de la responsabilité du gouvernement nigérian de protéger (...) la vie des civils", a déclaré Osai Ojigho, directrice d'Amnesty International Nigeria. "Il est absolument choquant que des gens ayant déjà tant souffert (...) soient encore plus exposés à d'horribles éventuelles violations et abus", a-t-elle poursuivi. Selon l'ONG, six personnes ont été tuées et 14 blessées un mois seulement après s'être réinstallées à Mafa, près de Maiduguri. Dans la région, les combattants de l'Etat islamique en Afrique de l'Ouest (Iswap), dorénavant dominant face à Boko Haram, multiplient les attaques contre l'armée et les communautés. Les autorités de Borno n'ont pas répondu à une demande de commentaire sur le rapport d'Amnesty, mais ont déjà nié que des personnes soient contraintes de se rendre dans des zones dangereuses. Au début du mois, le gouverneur a interdit aux organisations humanitaires de distribuer de la nourriture et de l'aide aux communautés fraîchement réinstallées. L'objectif, selon lui, est de viser "l'autonomisation des gens, en leur donnant la dignité d'acheter leur propre nourriture et de déterminer leur avenir". Une mesure qui a provoqué l'inquiétude des travailleurs humanitaires qui fournissent une assistance à plus de huit millions de personnes. Le nombre exact d'anciens déplacés désormais réinstallés est inconnu, mais au moins trois camps à Maiduguri, comptant 86.000 personnes, ont déjà fermé. Cinq autres, qui accueillent plus de 140.000 personnes, doivent être fermés d'ici le 31 décembre.
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