"Je récuse les accusations portées contre moi, je n'ai jamais songé à attenter à la vie du président", a déclaré à la barre Philippe François, 54 ans. "Je suis catholique, père de six enfants et comme vous j'aime mon pays", a ajouté cet homme au front dégarni, regard bleu, visiblement amaigri dans sa chemise froissée trop large. "C'est une insulte à ma moralité et à mon intelligence que de penser que j'ai quelque chose a voir avec Apollo 21", du nom de ce projet qui devait, selon les autorités, être activé le 21 juillet, a-t-il encore ajouté. M. Francois et le franco-malgache Paul Rafanoharana, 58 ans, sont accusés d'être les cerveaux de l'opération présumée pour renverser le président Andry Rajoelina. Arrêtés le 20 juillet avec leurs épouses, ils ont été incarcérés début août après une interminable garde à vue. Les autorités retiennent surtout une pièce à conviction contre Philippe François: une clef USB sur laquelle elles affirment avoir récupéré le budget de l'opération présumée. "J'ai pris connaissance de ce document une fois interrogé par les gendarmes", a-t-il déclaré de sa voix grave. "Si j'avais eu la moindre conscience de ce document, que je ne connais pas, j'aurais détruit cette clef. J'étais sidéré de voir que ce budget était sur la clef" qui lui appartenait effectivement, a-t-il dit au tribunal. Son audition a duré plusieurs heures, suivie de celle de son épouse Brigitte, silhouette fine et voix fluette, qui a rappelé que le couple quittait Madagascar pour s'installer en France lors de leur arrestation à l'aéroport. "J'avais décidé de rendre sa liberté à Philippe car nous avions des problèmes de couple, nous nous sommes déjà séparés plusieurs fois", a-t-elle raconté en pleurs. Pendant ses interrogatoires, cette femme châtain élégante, en robe de jersey gris perle et ongles peints, a dit avoir été "maltraitée, j'ai été assistée d'un avocat pour la première audition seulement, pas pour les deux autres". "Je suis restée 15 jours en garde à vue dans des conditions inhumaines, je n'étais au courant de rien, je ne comprenais pas ce qui lui était reproché (à son mari)", a-t-elle ajouté. "Mes propos ont été modifiés et on m'a forcé à les signer", a-t-elle accusé, avant de demander: "j'aimerais savoir ce qu'on me reproche aujourd'hui". Le procès devait se poursuivre jeudi.
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