M. Moloua conserve exactement le même intitulé de son portefeuille de "Ministre d'Etat, de l'Economie, du Plan et de Coopération internationale" qu'il occupait déjà dans le gouvernement de M. Dondra, cumulant désormais ce poste avec celui de Premier ministre, selon un décret de M. Touadéra remis dans la soirée à la presse et lu sur les ondes de la radio d'Etat. Lundi, le président avait "démis" M. Dondra de ses fonctions mais ce dernier avait assuré à l'AFP qu'il avait présenté sa démission, huit mois après sa nomination et dans un contexte de luttes d'influence entre la France et la Russie dans son pays en guerre civile depuis huit ans. La reconduction d'un gouvernement strictement identique semble donc confirmer l'analyse faite ces derniers jours par la presse locale et l'opposition selon laquelle le limogeage de M. Dondra relevait strictement d'une rivalité entre deux clans sur sa personne et non sur la nécessité de changer la politique du pouvoir en place. M. Dondra avait été nommé le 11 juin 2021 quelques jours après que la France eut gelé son aide budgétaire à Bangui, que Paris jugeait "complice" d'une "campagne de désinformation" anti-française orchestrée par la Russie. La nomination de M. Dondra, considéré comme plus "bienveillant" à l'égard de la France que son prédécesseur Firmin Ngrebada, jugé plutôt pro-russes, avait été perçue alors comme un geste d'apaisement à destination de Paris. Depuis quatre ans, l'influence de la Russie, par intermédiaire notamment de mercenaires de la compagnie de sécurité privée Wagner selon l'ONU et Paris, a considérablement progressé. M. Touadéra a été réélu le 27 décembre 2020 dans un scrutin très contesté par l'opposition, un électeur sur trois n'ayant pas eu la possibilité de se rendre aux urnes dans un pays alors aux deux tiers sous la coupe de groupes armés. Une coalition rebelle venait de lancer une offensive sur Bangui pour le renverser. Après sa réélection, le chef de l'Etat menacé avait fait appel à Moscou, qui entretenait depuis trois ans déjà de nombreux "instructeurs militaires" auprès de son armée et des conseillers très influents à la présidence et à la Défense. Des centaines de paramilitaires ont alors débarqué en Centrafrique, "des instructeurs non armés" selon Moscou, des combattants de Wagner selon l'ONU et Paris. Grâce à eux, les rebelles ont rapidement été repoussés, et Bangui a même récupéré le contrôle de la grande majorité du pays. Mais l'ONU accuse les soldats centrafricains et Wagner --tout comme les rebelles-- de "violations des droits humains" et, à l'unisson de Paris et d'ONG internationales, d'avoir fait main-basse sur les ressources du pays, notamment minières.
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