Abune Antonios avait été assigné à résidence en 2007 par les autorités de ce petit Etat de la Corne de l'Afrique connu pour son implacable répression des voix dissidentes. Sa libération avait depuis été réclamée par des associations, par le Parlement européen et par les gouvernements français et américain. Anba Angaelo, archevêque de Londres de l'Eglise copte orthodoxe a appelé à "un moment de silence et de prière (...) pour le repos de feu Abune Antonios, d'Erythrée, qui a enduré tant d'injustice". L'ONG Christian Solidarity Worldwide (CSW) a annoncé dans un communiqué que le "corps du patriarche avait été transporté au monastère Abune Andreas, auquel il appartenait, et y a été enterré le 10 février". "Des sources locales disent qu'une foule importante a assisté à son enterrement, dont beaucoup avaient parcouru de longues distances à pied", ajoute l'ONG. Antonios avait été déchu de son rôle de patriarche par son synode en 2006, les autorités érythréennes démentant alors toute pression. Mais selon la Commission américaine pour la liberté internationale de religion (USCIRF), un organisme du gouvernement américain, son éviction était dû à son son refus d'excommunier 3.000 opposants et son appel à la libération des prisonniers politiques. Le site d'opposition www.asmarino.com avait à l'époque assuré qu'Antonios avait été évincé pour avoir critiqué les interférences de l'Etat dans les activités de l'Eglise. Les Etats-Unis le considéraient comme un prisonnier d'opinion et sa détention comme une violation de la liberté religieuse. Sur sa page Facebook, l'ambassade américaine à Asmara se dit jeudi "très triste d'apprendre le décès d'Abune Antonios, patriarche de l'Eglise érythréenne orthodoxe Tewahedo, après 15 ans d'assignation à résidence". Selon l'USCIRF, Antonios était né le 12 juillet 1927 et avait été envoyé dès l'âge de cinq ans par son père dans un monastère pour y étudier. Moine, il avait été ordonné prêtre en 1942, puis abbé en 1955 et était devenu en 2004 le troisième patriarche de l'Eglise érythréenne orthodoxe Tewahedo. Pays pauvre et isolé sur la scène internationale, l'Erythrée, gouvernée depuis son indépendance de l'Ethiopie en 1993 par l'autocrate Issaias Afeworki, figure systématiquement aux dernières places des classements internationaux en matière de libertés politiques, d'expression ou de droits humains fondamentaux. La moitié de la population est musulmane, l'autre chrétienne, majoritairement orthodoxe. L'Eglise orthodoxe d'Erythrée avait nommé un successeur - décédé en 2015 - à Antonios, mais celui-ci avait continué d'en être reconnu comme le chef légitime par le siège de l'Eglise copte orthodoxe à Alexandrie, en Egypte. amu/ayv/sba [object Object]
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