Lors de cette réunion, demandée par l'Union européenne en début de semaine, les 47 Etats membres du Conseil doivent étudier la proposition de nomination d'enquêteurs qui travailleront sur de possibles violations des droits humains dans le cadre de la guerre. S'exprimant à l'ouverture des débats, la Haute-Commissaire adjointe aux droits de l'homme, Nada Al-Nashif, a affirmé que les services de l'ONU continuent "de recevoir des rapports crédibles de violations graves et atteintes aux droits humains commises par toutes les parties". "Il incombe à l'Etat de s'acquitter de sa responsabilité, qui est d'engager des procédures équitables et indépendantes portant sur l'ensemble des violations identifiées", a-t-elle dit, avant d'ajouter qu'un "mécanisme international serait un complément important" en l'absence d'"efforts significatifs" des autorités pour établir les responsabilités. La guerre a éclaté en novembre 2020 après que le Premier ministre Abiy Ahmed a envoyé l'armée au Tigré en novembre 2020 afin d'en destituer les autorités locales, issues du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), qui défiaient son autorité et qu'il accusait d'avoir attaqué des bases militaires. M. Abiy avait proclamé la victoire trois semaines plus tard, après la prise de la capitale régionale Mekele. Mais en juin, le TPLF a repris l'essentiel du Tigré et poursuivi son offensive dans les régions voisines de l'Amhara et de l'Afar. Mme Al-Nashif a déploré "la multiplication des discours haineux et d'incitation à la violence de la part des autorités fédérales et régionales, ainsi que d'autres personnalités publiques, en particulier à l'encontre des Tigréens et des membres de la communauté oromo". "Le danger d'une montée en puissance de la haine, des violences et des discriminations est très élevé, et pourrait dégénérer en violence généralisée. Cela pourrait avoir des conséquences majeures, non seulement pour des millions de personnes en Ethiopie, mais aussi dans toute la région", a-t-elle affirmé. Le conflit en Ethiopie a fait plusieurs milliers de morts, plus de deux millions de déplacés et plongé des centaines de milliers d'Ethiopiens dans des conditions proches de la famine, selon l'ONU. Le 2 novembre, le gouvernement a décrété un état d'urgence qui "suscite d'importantes préoccupations en matière de droits humains", car il a entrainé l'arrestation de milliers d'Ethiopiens, dont des membres du personnel de l'ONU, a souligné Mme Al-Nashif. "Si certaines des personnes arrêtées au cours des six dernières semaines ont été libérées, nous estimons qu'entre 5.000 et 7.000 personnes sont toujours détenues, dont 9 membres du personnel de l'ONU", a-t-elle ajouté, en précisant que la plupart des personnes arrêtées appartiennent à l'ethnie tigréenne. La haute responsable onusienne réclame que des observateurs indépendants, notamment la Commission éthiopienne des droits de l'homme, soient autorisés à accéder à tous les lieux de détention.
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