Plus jeune pays du monde, le Soudan du Sud a connu, depuis son indépendance du Soudan en 2011, une instabilité chronique. Entre fin 2013 et 2018 une guerre civile particulièrement brutale a opposé les forces loyales au président Salva Kiir - un Dinka - et celles de son adjoint Riek Machar - un Nuer. Les combats, accompagnés d'atrocités à grande échelle contre les civils - massacres ethniques, viols, torture, meurtres et recrutement d'enfants, déplacements forcés de populations - ont fait près de 400.000 morts et déplacé quatre millions de personnes. Dinka et Nuer sont les deux peuples les plus nombreux, parmi les 64 qui composent le pays. La mise en application de l'accord de paix qui a mis fin à la guerre en septembre 2018 est perturbée par des désaccords entre anciens belligérants: des dispositions-clés de l'accord n'ont toujours pas été mises en oeuvre, à moins d'un an de la date prévue des élections. "Il y a un risque réel de retour au conflit", a déclaré vendredi à la presse à Juba Yasmin Sooka, qui préside la Commission de l'ONU sur les droits de l'Homme au Soudan du Sud, à l'occasion d'une visite dans le pays. L'échec a mettre sur pied un commandement unifié des forces armées - un point-clé de l'accord de paix - entretient un climat où la violence reste la norme, selon l'ONU. Au moins 32 personnes - dont des enfants - ont été tués en janvier dans l'Etat du Jonglei, miné par des violences communautaires. L'alliance entre MM. Kiir et Machar au sein d'un gouvernement national est en outre fragilisée par des dissensions au sein du camp du second. M. Machar fait face à l'opposition de cadres lui reprochant d'avoir perdu au change dans le partage du pouvoir avec le parti du chef de l'Etat. En août 2021, des combats entre factions rivales du parti de M. Machar ont fait 32 morts. En outre, "l'absence de progrès dans la mise en place des dispositions-clés" de l'accord de paix "contribue à l'insécurité et à l'impunité permanentes sur fond desquelles sont perpétrées les violations des droits humains", s'inquiète l'ONU dans un communiqué vendredi. "Les membres de la société civile sud-soudanaise qui ont rencontré la Commission ont dit avoir peur de discuter de la situation des droits humains, craignant des représailles des services étatiques de sécurité réputés pour réprimer violemment les voix politiques qui s'expriment", ajoutent les Nations unies.
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