L'ambassadeur, François Gouyette, était accompagné du ministre algérien des Moudjahidine (anciens combattants) Laïd Rebiga, qui a également déposé une gerbe de fleurs devant une plaque à la mémoire de Mouloud Feraoun apposée à l'endroit où il a été assassiné, à Ben Aknoun, sur les hauteurs de la capitale. Le 15 mars 1962, quatre jours avant le cessez-le-feu issu des accords d'Evian, Mouloud Feraoun, instituteur, grand romancier algérien, ami d'Albert Camus et d'Emmanuel Robles, humaniste et non-violent, était assassiné par un commando se réclamant de l'Organisation Armée Secrète (OAS). Mouloud Feraoun et cinq inspecteurs de l'éducation nationale, froidement exécutés ce jour s'étaient engagés en faveur de l'alphabétisation, de la formation et de la santé des algériens, au sein des centres sociaux éducatifs, créés à l'initiative de l'ethnologue et résistante Germaine Tillon. Ces centres étaient perçus par l'OAS comme des foyers indépendantistes, et symbolisaient le rapprochement entre les communautés. "C'était la volonté du président (Emmanuel) Macron, que je puisse déposer ce jour en son nom, une gerbe de fleurs, à la mémoire de ces six enseignants assassinés le 15 mars 1962, à quelques jours du cessez-le-feu et des accords d'Evian", a déclaré M. Gouyette lors de la cérémonie. "C'est une marque de considération qu'a voulu exprimer le président de la République française qui m'a chargé de déposer cette gerbe ici même, sur le lieu de son assassinat", a ajouté le diplomate. Selon l'Elysée "cette reconnaissance historique, s'inscrit dans une politique mémorielle de temps long, de regarder l'histoire en face et reconnaître". Depuis son accession au pouvoir en 2017, Emmanuel Macron a multiplié les gestes mémoriels pour tenter de "réconcilier les mémoires" entre Français et Algériens, mais sans "repentance". Le 8 février, M. Macron avait déjà rendu hommage aux victimes mortes au métro Charonne, à Paris, lors d'une manifestation pour la paix en Algérie le 8 février 1962, violemment réprimée par la police française. Paris s'emploie depuis plusieurs mois à renouer la relation avec Alger, après une crise alimentée par des propos rapportés de M. Macron en octobre, reprochant au système "politico-militaire" algérien d'entretenir une "rente mémorielle" autour de la guerre d'indépendance de l'Algérie (1954-1962).
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