"Ville morte" et manifestation à Goma (RDC) contre la criminalité: trois morts

Infos. Deux policiers et un manifestant ont été tués lundi à Goma, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), lors d'une journée d'action "ville morte" déclenchée pour protester contre la criminalité, a-t-on appris auprès des autorités.

"Ville morte" et manifestation à Goma (RDC) contre la criminalité: trois morts

Les manifestants protestaient aussi contre la supposée présence de policiers rwandais à Goma, fermement démentie par les autorités congolaises. Des manifestants ont envahi tôt le matin des artères principales de la ville, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, frontalière du Rwanda, enflammant des pneus et dressant des barrages de pierres sur la chaussée, a constaté un correspondant de l'AFP. La police a tiré à balles réelles et fait usage de gaz lacrymogène pour disperser la foule. Dans les affrontements, un policier a été tué et son corps acheminé à la morgue de l'hôpital général, a également pu voir ce correspondant de l'AFP. "Un commissaire de police a été tué par les manifestants et un agent de l'ordre a été lapidé par ces derniers", a ensuite déclaré devant la presse le général Sylvain Ekenge, porte-parole du gouverneur militaire de la province. Un chef de quartier, qui a requis l'anonymat, a de son côté affirmé qu'un manifestant, un motard, avait été tué par balle et que le policier auteur du tir mortel avait été interpellé. L'activité de la ville est restée paralysée toute la journée, avec rues barricadées, boutiques, banques, écoles et marché central fermés. Des mouvements de jeunes de Goma avaient appelé à une journée "ville morte" lundi, pour protester contre "la criminalité grandissante". Plusieurs incidents violents ont eu lieu ces dernières semaines, notamment la mort d'un cambiste le 14 décembre et un braquage qui a fait deux morts et plusieurs blessés le 16. - "Qu'est-ce qu'on nous cache? " - Ils demandent notamment que soient "évalués sans complaisance" les effets de l'état de siège décrété début mai dans la province du Nord-Kivu et celle voisine de l'Ituri pour tenter de mettre fin aux violences des groupes armés qui écument l'est du pays depuis plus d'un quart de siècle. Mais ils disent aussi "s'opposer catégoriquement à l'entrée de la police rwandaise dans la ville de Goma", comme a pu le laisser croire un mémorandum d'entente signé en début de semaine dernière à Kigali par les polices du Rwanda et de RDC pour une meilleure coopération transfrontalière afin de lutter contre divers trafics. "Nous n'allons pas cautionner l'arrivée de la police rwandaise à Goma. Qu'est-ce qu'on nous cache?", déclarait un manifestant, Paluku Issa, dans le quartier de Ndosho. "Qui a oublié que l'armée rwandaise était derrière les rebelles ici? On se moque de nous!", a lancé un autre, Jemba Uchu. Il n'est pas question que des policiers rwandais viennent faire du maintien de l'ordre à Goma, "c'est du mensonge sur toute la ligne", avait assuré samedi à Kinshasa le commissaire général de la police nationale congolaise, le général Dieudonné Amuli Bahigwa. "Par quelle magie les policiers rwandais seraient arrivés ici?", a également interrogé lundi le général Ekenge, en déplorant "l'intoxication et la manipulation" autour de l'accord conclu à Kigali.

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