Génocide au Rwanda: les investigations visant Agathe Habyarimana clôturées sans poursuites (sources proches du dossier)

Infos. La juge d'instruction chargée de l'enquête pour "complicité de génocide et de crimes contre l'humanité" visant Agathe Habyarimana, veuve du président hutu mort en 1994, a signifié mardi aux parties la clôture des investigations, a appris l'AFP de sources proches du dossier.

Génocide au Rwanda: les investigations visant Agathe Habyarimana clôturées sans poursuites (sources proches du dossier)

Les parties ont désormais trois mois pour faire des observations et des demandes d'actes avant les réquisitions du parquet, puis la décision finale des magistrats instructeurs. Mme Habyarimana ayant été placée sous le statut de témoin assisté dans cette enquête, les juges devraient logiquement ordonner un non-lieu à son encontre. "Je me réjouis que la juge d'instruction, après plusieurs requêtes, ait accédé à ma demande de clôture de l'information judiciaire", a réagi auprès de l'AFP son avocat, Me Philippe Meilhac. "A mes yeux une seule issue s'impose, ordonner un non-lieu. J'espère que cette décision sera prise dans un délai raisonnable". Agathe Kanziga, veuve de Juvénal Habyarimana, le président hutu dont l'assassinat le 6 avril 1994 avait déclenché les massacres contre la minorité tutsi, est visée depuis 2008 par une enquête en France sur son rôle lors du génocide, initiée par une plainte du Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR). Cette femme, âgée de 79 ans aujourd'hui, est présentée par ses accusateurs - ce qu'elle réfute - comme l'une des dirigeantes de l'"Akazu", le premier cercle du pouvoir hutu qui aurait orchestré le génocide. Dans sa plainte, le CPCR accuse notamment Mme Habyarimana d'avoir donné "des fonds importants" à la Radio Mille Collines qui diffusait la haine anti-Tutsi et d'avoir pris part à l'élaboration en février 1994 "d'une liste" de personnalités tutsi influentes et de Hutu modérés "à exécuter". L'association l'accuse d'avoir, après l'assassinat de son mari, "donné son assentiment aux actions de terreur engagées en particulier par la garde présidentielle" et "ordonné le massacre de sept employées" d'un orphelinat qu'elle avait fondé. Le 9 avril 1994, alors que le Rwanda sombre, elle avait été exfiltrée en Europe avec sa famille à la demande du président français François Mitterrand, proche de son mari. Depuis, la France a refusé d'extrader Mme Habyarimana au Rwanda, sans toutefois lui accorder l'asile, en raison des soupçons pesant sur elle. Installée en France depuis 1998, elle y vit sans statut légal. Dans cette procédure, elle a été placée en 2016 sous le statut de témoin assisté, intermédiaire entre témoin et mis en examen. Selon une source proche du dossier, elle a été interrogée début janvier 2022. "Si on allait vers un non-lieu, nous ne pourrions en rester là", a commenté de son côté Alain Gauthier, cofondateur du CPCR, indiquant que dans cette éventualité, le collectif verrait quelle procédure engager. Cette décision a été notifiée aux parties le jour de la validation par la Cour de cassation du non-lieu dans l'enquête sur l'attentat contre l'avion de Juvénal Habyarimana, un dossier qui a empoisonné pendant plus de vingt ans les relations franco-rwandaises. Selon l'ONU, le génocide au Rwanda a fait plus de 800.000 morts entre avril et juillet 1994, principalement dans la minorité tutsi.

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