"Je condamne avec la plus grande fermeté une décision totalement contraire aux valeurs que portent le peuple malien et le Mali depuis son indépendance", a déclaré le président français lors d'une conférence de presse en région parisienne. La junte malienne a ordonné jeudi la suspension de la diffusion de RFI et France 24, après la publication par ces médias français d'informations selon lesquelles l'armée malienne est impliquée dans des exactions contre des civils. "J'en appelle à la Cédéao, l'organisation régionale, et à l'Union africaine pour prendre les décisions qui conviennent, et que la France appuiera comme nous l'avons fait à chaque fois (...) pour que, à la fois les violences et (...) la fermeture, le déni de l'information et du droit des journalistes à librement informer puisse cesser", a déclaré le président français. La décision malienne de sanctionner RFI et France 24, deux médias publics français, intervient dans un contexte d'hostilité vis-à-vis de la France, l'ancienne puissance coloniale, dont l'ambassadeur a été expulsé fin janvier. Le 18 février, Paris avait annoncé son retrait militaire du Mali après neuf ans de lutte antijihadiste, poussée dehors par les "obstructions" de la junte malienne. Pour motiver sa décision jeudi, le gouvernement malien fait référence à un reportage diffusé les 14 et 15 mars par RFI, dans lequel la radio a donné la parole à des victimes présumées d'exactions qui auraient été commises par l'armée malienne et le groupe de sécurité privé russe Wagner. Le communiqué de la junte malienne fustige également une déclaration de Michèle Bachelet, Haute-Commissaire des Nations unies aux droits de l'Homme le 8 mars, dénonçant des "violations du droit international, des droits de l'Homme et du droit humanitaire" au Mali. Le Mali déplore aussi un rapport de l'ONG Human Rights Watch (HRW) publié le 15 mars et qui dénonçait une "vague d'exécutions de civils" par l'armée malienne et les jihadistes dans le centre et le sud-ouest du Mali. Ce rapport faisait état d'"au moins 107 morts civils" depuis le mois de décembre. Selon HRW, ces exactions auraient été commises par les FAMa (forces armées maliennes) en représailles à des pertes militaires infligées par des groupes jihadistes dans divers incidents. Les forces de sécurité maliennes, dont des centaines de membres ont été tués au Mali depuis le début des troubles en 2012, sont régulièrement accusées d'exactions. La junte arrivée au pouvoir par la force en 2020 rejette systématiquement ces accusations et répète que les FAMa "respectent les droits de l'Homme".
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