Depuis 1977, il travaille du "lundi au lundi": "Je me repose bien assez quand il fait froid". Au volant de son camion aux inscriptions délavées, ce père tranquille de 63 ans sillonne les rues en pente de ce quartier symbolique de la lutte anti-apartheid, où a vécu l'icône Nelson Mandela. Mais lui ne fait pas de politique. Il regarde "les gens grandir depuis son camion à glace" et constate simplement que "sous l'apartheid, les glaces n'étaient pas si chères". Pour 50 centimes ou un euro, il vend des douceurs vanille-fraise, pas d'autre choix, différentes garnitures, et se souvient des visages de ceux qui ont grandi au fil du temps et des passages de son camion. "Ils étaient jeunes quand j'ai commencé", dit-il, servant certains clients directement par la fenêtre de leur voiture. "Aujourd'hui ils peuvent dire à leurs enfants qu'ils mangeaient déjà des glaces chez moi quand ils avaient leur âge". Sous un éclatant soleil d'été austral, il avance tout doux entre les "matchboxes" (boîtes d'allumettes), ces petites maisons sans confort et toutes strictement identiques, construites par le régime d'apartheid pour héberger la main d'oeuvre noire dans les South-Western-Townships (SoWeTo), nom collectif donné aux vastes réservoirs de bras cantonnés à la périphérie de Johannesburg. Et ce n'est qu'en fin d'après-midi qu'il coupe la machine à glace italienne et remet une dernière fois le moteur en route: "C'est l'un ou l'autre" explique-t-il, pas assez de jus pour les deux en même temps. "Je ferai ce métier aussi longtemps que je serai en vie", dit le natif du quartier, conscient du privilège de distribuer ainsi de la joie. "Tout le monde est content avec une glace".
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