Le président Paul Biya, 88 ans dont près de 40 à diriger le Cameroun d'une main de fer, est régulièrement accusé par la communauté internationale, l'ONU et des ONG de mener une implacable répression de toute opposition politique et d'une rébellion indépendantiste anglophone dans l'ouest. "Ces cinq dernières années, la situation des droits humains n'a cessé de se dégrader tandis que des personnes originaires des régions anglophones (...) ont été arrêtées et enfermées pour avoir exprimé leurs opinions ou manifesté de manière pacifique", écrit Amnesty International dans un communiqué, demandant aux autorités camerounaises de les "libérer immédiatement et sans condition". Selon Amnesty, des dizaines de prisonniers sont originaires du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, deux régions anglophones, où séparatistes et soldats s'affrontent régulièrement depuis plus de 5 ans. Une centaine de membres du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), parti du principal opposant à M. Biya, Maurice Kamto, sont également détenues. Selon l'ONG, les "personnes incarcérées ont été jugées par des tribunaux militaires", en violation des normes internationales. De nombreux détenus ont, selon l'ONG, "subi des actes de torture et d'autres formes de mauvais traitements- coups; coups de fouet; privation d'eau et de nourriture pendant des jours; simulacres de noyade, et arrachage des ongles". En décembre dernier, une cinquantaine de militants et cadres du MRC avaient également été condamnés à des peines de un à sept ans de prison pour "rébellion", pour leur participation en septembre 2020 à des marches pacifiques réclamant le départ de M. Biya. La police avait très violemment dispersé les marches, notamment à Douala, la capitale économique. Plus de 500 militants et cadres du MRC avaient été arrêtés dans tout le pays. Et 124 sont toujours détenus aujourd'hui, selon le parti. En septembre, un collectif d'avocats avait renoncé à les défendre, dénonçant "l'arbitraire" et "l'illégalité de leur détention". Deux mois après leur interpellation, Amnesty International accusait le régime de M. Biya de poursuivre une "implacable répression des opposants" caractérisée par des "arrestations et détentions arbitraires". Les autorités ont assuré à plusieurs reprises que les personnes arrêtées le 22 septembre 2020 sont poursuivies notamment pour "tentative d'insurrection" ou de "révolution". Rival malheureux de M. Biya réélu en 2018 dans un scrutin contesté par l'opposition, Maurice Kamto avait lui-même été emprisonné sans procès neuf mois durant en 2019 avant d'être relâché à l'issue d'intenses pressions internationales.
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