Ce catalogue a été transmis par le Premier ministre belge Alexander De Croo à son homologue congolais Jean-Michel Sama Lukonde, lors d'une cérémonie dans ce musée à la périphérie de Bruxelles, en marge du sommet UE-Afrique prévu jusqu'à vendredi dans la capitale européenne. Le Musée royal de l'Afrique centrale, ouvert en 1898, héritage du roi des Belges Léopold II qui a administré le Congo comme sa propriété personnelle à partir de 1885, regroupe l'une des plus grandes collections au monde d'objets africains. L'inventaire porte sur "quelque 84.000 objets ethnographiques et organologiques" (sculptures, masques, ustensiles, instruments de musique etc) parvenus sur le sol belge jusqu'en 1960, année de l'indépendance. Cela représente environ 70% du fonds du musée, d'après sa direction. Il permettra à Kinshasa d'exprimer, peut-être dès 2022, des demandes de restitution, qui seront examinées par une équipe belgo-congolaise de chercheurs bientôt en place, a-t-on expliqué côté belge lors d'une conférence de presse. "La première étape pour ce travail de restitution était de donner toute la transparence sur ce qui est aujourd'hui dans nos collections", a affirmé Thomas Dermine, secrétaire d'Etat belge en charge du dossier. Selon lui, il a été établi pour l'instant que seule "une toute petite fraction des oeuvres" a été acquise dans des conditions illégitimes, par des transactions commerciales inéquitables, du pillage ou autres actions violentes. Mais la Belgique accepte que "tout le patrimoine" congolais du musée soit "soumis à l'examen historique" (par la future "commission mixte" belgo-congolaise) "parce qu'on reconnaît que, par essence, la relation coloniale était déséquilibrée", a ajouté le responsable socialiste francophone. M. Sama Lukonde a salué "un moment historique". "Ce n'est pas seulement un transfert d'objets mais aussi de connaissances et de l'expérience nécessaire pour la conservation de ces éléments", a dit le Premier ministre congolais. En 2021, la Belgique avait annoncé son intention de rendre "aliénables" les biens hérités de son passé colonial, c'est-à-dire de les transférer du domaine public de l'Etat au "domaine privé", seul moyen pour que les objets spoliés puissent être restitués. Un projet de loi en ce sens, actuellement soumis au Conseil d'Etat, devrait être débattu au Parlement au premier semestre. "Il ne faut pas avoir peur de regarder notre passé en face", a dit M. De Croo, rappelant qu'en 2020 le roi Philippe avait exprimé des "regrets" pour les actes de violence et de cruauté lors de la période coloniale au Congo.
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