Après une courte réunion des Vingt-Sept consacrée aux tensions autour de l'Ukraine, 40 des 55 dirigeants membres de l'Union africaine (UA) ont retrouvé leurs homologues de l'UE pour définir un nouveau partenariat fondé sur "l'échange et le partage".
"L"Afrique est en pleine mutation, elle a beaucoup changé", a souligné le président de l'Union africaine, le Sénégalais Macky Sall, qui a présenté la contribution africaine sous forme de huit propositions.
"Plus qu'une mise à jour du logiciel, nous proposons d'installer ensemble un nouveau logiciel adapté aux mutations en cours", a-t-il affirmé.
"Nous devons réinventer la relation", lui a répondu le président français Emmanuel Macron.Une déclaration commune sera adoptée lors du sommet et elle sera accompagnée d'une liste de projets concrets, dont l'un est une constellation de satellites lancée par l'UE pour élargir l'accès à l'internet en l'Afrique, a-t-il précisé.
"L'Europe a besoin d'une Afrique stable, sûre et prospère", a pour sa part insisté le président du Conseil européen, le Belge Charles Michel."L'instabilité, les coups d'Etat mettent en péril le développement", a-t-il mis en garde.
L'UA a suspendu le Mali, le Burkina Faso, la Guinée et le Soudan après des coups d'Etat.
La junte au pouvoir à Bamako a contraint la France et ses partenaires européens a officialiser jeudi leur retrait militaire du Mali au terme de neuf ans de lutte antijihadiste.
- Soutien pour le climat -
"La lutte contre le terrorisme au Sahel ne saurait être la seule affaire des pays africains", a averti Macky Sall, tout en disant comprendre cette décision.
Après l'annonce de la décision française, l'UE va vérifier "d'ici quelques jours" si les conditions et les garanties sont remplies pour le maintien au Mali de ses deux missions de formation militaire (EUTM) et policière (EUCAP), a annoncé le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.
L'instabilité du continent africain est également alimentée par "les nouveaux acteurs" chinois et russes "dont les méthodes et les agendas sont très différents des nôtres", a-t-il souligné.
Les agissements dans plusieurs pays africains des mercenaires du groupe privé Wagner, dirigé par des hommes proches du Kremlin --ce que Moscou dément--, "sont un exemple des efforts de déstabilisation de la Russie dans des régions qui sont importantes pour l'UE", souligne un responsable européen.
Présents au Mali, ces mercenaires "viennent essentiellement sécuriser leurs intérêts économiques et la junte elle-même", a accusé Paris.
Sur le continent africain, riche en matières premières, les grandes puissances, Chine en tête, se livrent à une lutte d'influence.
"L'Afrique est courtisée, elle a le choix de ses partenaires", fait-on valoir à Bruxelles, qui entend proposer un partenariat "innovant" et "respectueux" des pays africains.Critiqués par des ONG, les Européens assurent qu'il n'est "pas question d'évacuer les sujets de respect de l'Etat de droit et des droits humains".
La lutte contre la pandémie est une autre priorité.Seulement 11% de la population du continent africain est entièrement vaccinée.
L'UE a donné 150 millions de vaccins à l'Afrique et va poursuivre cet effort.Elle soutiendra aussi la création de centres de production de vaccins au Sénégal, au Rwanda, au Ghana et en Afrique du Sud.
Les Européens veulent également revoir leur soutien financier: une stratégie globale d'investissements dotée de 150 milliards d'euros sur sept ans est prévue pour "aider des projets voulus et portés par les Africains pour la transformation de leurs économies".
"Nous devons revoir la méthode (...) S'il y a un échec du continent africain, le premier à en pâtir sera le continent européen", a expliqué Emmanuel Macron.
Le climat et l'énergie sont jugés prioritaires par les Africains: "Venant d'un Etat insulaire directement affecté, je veux que le changement climatique et notre vulnérabilité soient pris en compte", a affirmé le président des Seychelles Wavel Ramkalawan.
Pour Macky Sall, l'Afrique "n'est pas responsable du réchauffement climatique".Défendant le recours aux énergies fossiles, il a réclamé "un accompagnement sur une période de transition (...) qui permette de donner de l'électricité aux 600 millions d'Africains qui n'en ont pas encore", soit environ la moitié de la population du continent.
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