Âgé de 59 ans, Freeman Mbowe est accusé de "financement du terrorisme" et "complot terroriste". Il avait été arrêté le 21 juillet avec d'autres figures de son parti Chadema dans la ville de Mwanza (ouest) où devait se tenir un rassemblement pour demander des réformes constitutionnelles. Son arrestation avait suscité l'indignation de l'opposition et d'organisations de défense des droits civiques, et douché les espoirs d'ouverture démocratique suscités par l'arrivée au pouvoir en mars de Samia Suluhu Hassan après le décès soudain de l'autoritaire John Magufuli. Vendredi, un juge de la Haute Cour de la capitale Dar es Salaam, Joachim Tiganga, a estimé qu'il y avait suffisamment d'éléments contre M. Mbowe et trois autres co-accusés. "J'ai passé deux jours à étudier les preuves fournies par l'accusation. Le tribunal estime que tous les accusés doivent répondre dans cette affaire", a-t-il déclaré. Freeman Mbowe, qui affirme avoir été torturé en détention et avoir dû enregistrer des déclarations sous la contrainte, a été acclamé par des partisans à son arrivée à l'audience, à laquelle ont assisté des représentants d'ambassades étrangères. La prochaine audience est prévue le 4 mars. "Il est évident que cette affaire est infondée, mais le juge n'a pas eu le courage de défendre la vérité et la justice", a réagi le secrétaire général de Chadema, John Mnyika, qualifiant cette décision de "nouvelle journée sombre dans l'histoire de la justice en Tanzanie". Depuis l'arrestation de son dirigeant, Chadema dénonce une affaire "politique" qui reflète une dérive du pouvoir, accusant la présidente Samia Suluhu Hassan de renouer avec les pratiques de son prédécesseur Magufuli, surnommé "le bulldozer" pour son style autoritaire. Dans une interview à la BBC en août, la cheffe de l'Etat avait affirmé que les accusations contre Freeman Mbowe n'étaient "pas politiques" et résultaient d'une enquête de près d'un an. Les procureurs affirment que les accusations n'ont pas de rapport avec la conférence prévue à Mwanza, mais relèvent d'infractions présumées un an plus tôt dans une autre partie du pays. Selon Chadema, les procureurs accusent M. Mbowe d'avoir planifié une attaque contre un fonctionnaire et d'avoir donné 600.000 shillings tanzaniens (220 euros) pour l'organisation d'attentats contre des stations-service et des rassemblements publics, et pour abattre des arbres pour bloquer les routes. Samia Suluhu Hassan avait ces derniers jours donné des signaux d'ouverture envers l'opposition. Avant le sommet UE-Afrique à Bruxelles, elle a notamment rencontré mercredi le vice-président de Chadema, Tundu Lissu, candidat du parti à l'élection présidentielle de 2020 qui vit en exil en Belgique depuis une tentative d'assassinat en 2017.
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