Prévu initialement jeudi matin, le vote d'une résolution proposée par le Royaume-Uni, prolongeant techniquement la mission onusienne Manul jusqu'au 15 septembre, a été repoussé sine die à la dernière minute. La Russie avait l'intention d'y mettre son veto avant de proposer au vote son propre texte qui pourrait aussi valoir un veto des Etats-Unis. Obtenu par l'AFP, le projet russe demande "que le secrétaire général nomme un émissaire sans plus tarder". Il ne prévoit en outre une prolongation de la mission que jusqu'au 30 avril, le temps, selon Moscou, de voir s'éclaircir la situation politique en Libye. Depuis la démission abrupte en novembre du Slovaque Jan Kubis, la fonction d'émissaire de l'ONU est de facto occupée par l'Américaine Stephanie Williams, une diplomate arabophone rappelée après près d'un an d'absence dans ce dossier par le secrétaire général de l'ONU avec un titre de "conseillère spéciale". Par ce biais, Antonio Guterres s'est passé d'un aval du Conseil de sécurité sur le choix de la personne, délicat depuis des années en raison des luttes d'influence que se mènent les grandes puissances dans le dossier libyen. En 2020, Stephanie Williams, alors numéro deux de la mission Manul, avait assuré un intérim permettant des avancées importantes dans le dossier, notamment un cessez-le-feu entre les belligérants libyens après plusieurs années d'affrontements. - Mauvais "signal" - Selon des diplomates, la démission de Jan Kubis a été mal vécue par la Russie qui depuis cherche à reprendre l'avantage. Lundi, lors d'une réunion publique du Conseil de sécurité sur la Libye, l'ambassadeur russe adjoint à l'ONU, Dmitry Polyanskiy, a souligné l'importance d'avoir une nouvelle personnalité comme médiateur en Libye. "Il est important que le secrétaire général présente un candidat à ce poste dans les plus brefs délais", a-t-il dit. "Il faut que l'émissaire onusien soit doté d'une expérience suffisante dans le cadre d'un mandat décidé par le Conseil de sécurité. Malheureusement, nous n'avons pas cette personne à la tête de la mission à l'heure actuelle", avait ajouté Dmitry Polyanskiy. Le mandat de la mission politique Manul expire lundi soir, ce qui laisse encore un peu de temps pour trouver un compromis entre la Russie et les Etats-Unis. Pour un diplomate cependant, les divisions entre membres de l'ONU ne sont pas "un bon signal" à l'égard des Libyens et ne vont "pas aider Stephanie Williams" dans son rôle actuel. Interrogé lors de son point-presse quotidien sur la demande russe d'un nouvel émissaire, Stéphane Dujarric, porte-parole de l'ONU, a réaffirmé le plein soutien du chef des Nations unies à sa conseillère spéciale. "Le secrétaire général est extrêmement reconnaissant pour tout le travail que Stephanie Williams a accompli en sa qualité précédente (...) et ce qu'elle continue à faire sur le dossier libyen en tant que conseillère spéciale", a-t-il dit. "Elle a fait un très, très bon travail face à une situation très difficile", a insisté le porte-parole.
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