Ouganda: des opposants arrêtés, la police veut étouffer les manifestations

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KAMPALA (AFP)

La police ougandaise a de nouveau arrêté lundi les principaux dirigeants de l'opposition et tentait ainsi, pour la deuxième semaine consécutive, d'étouffer dans l'oeuf des "marches" contre la vie chère, susceptibles de se transformer en manifestations hostiles au régime.

Kizza Besigye, leader du Forum pour le changement démocratique (FDC, coalition d'opposition), a été interpellé par la police alors qu'il sortait à pied de son domicile de la périphérie de Kampala.

Au moins 17 responsables de l'opposition ont été arrêtés dans les mêmes circonstances aux premières heures de la matinée, dont Norbert Mao, leader du Parti démocratique, et Olara Otunnu, le dirigeant du Congrès du peuple ougandais (UPC), selon l'opposition.

Leur arrestation n'est pas liée à leur participation à des manifestations, mais ont eu lieu dans le cadre "de plusieurs enquêtes en cours" contre M. Besigye, a affirmé un porte-parole de la police.

Les forces de l'ordre ont également fait usage de gaz lacrymogènes et de tirs à balles réelles pour disperser des protestataires qui tentaient d'ériger des barricades sur une avenue du nord de Kampala et jetaient des pierres.

Deux personnes ont été hospitalisées dans ces affrontements, selon la Croix rouge ougandaise.

M. Besigye avait été déjà interpellé le 11 avril à la sortie de son domicile et inculpé "d'incitation à la violence", après avoir annoncé son intention de "marcher" contre l'augmentation des prix des denrées de base.

Devant la pression d'un régime toujours prompt à interdire toute manifestation "illégale", il s'agissait pour l'opposition de tester une nouvelle tactique de "happening" politique: appeler les Ougandais à se rendre au travail à pied, en une "marche" de protestation contre la vie chère.

M. Besigye avait été largement battu par le président sortant Yoweri Museveni (au pouvoir depuis 1986) lors de l'élection présidentielle de février dernier, un scrutin marqué par des fraudes du régime en place, selon l'opposition.

Tout au long de la campagne puis à l'issue de l'élection, l'opposant avait brandi la menace de manifestations de rue, à l'image des révoltes populaires dans le monde arabe, et plus particulièrement sur le modèle de la révolution égyptienne.

Depuis lors, les autorités ont sévèrement mis en garde l'opposition contre toute manifestation "illégale" non autorisée par la police ou visant à un changement "anticonstitutionnel de régime".

Renonçant à contester les résultats de la présidentielle, l'opposition joue désormais la carte du mécontentement d'une population confrontée au quotidien à l'augmentation des prix des biens de première nécessité, comme l'essence, les transports en commun et les produits alimentaires.

Plusieurs de ces marches et rassemblements organisés la semaine dernière à Kampala et en province ont été dispersés sans ménagement par la police, avec au moins une soixantaine de blessés selon la Croix rouge ougandaise, parmi lesquels M. Besigye, touché à la main par une balle en plastique, selon ses partisans.

Vendredi, ce sont plusieurs milliers d'étudiants de la principale université de Kampala qui ont protesté sur leur campus contre un projet d'augmentation des frais de scolarité, donnant lieu à de nouveaux heurts avec la police.

Visiblement très nerveux face à cette colère qui monte, le gouvernement a de nouveau lancé dimanche "un fort avertissement" à l'opposition et dénoncé "un groupe motivé politiquement qui tente de saper l'autorité légitime afin de prendre le pouvoir par des moyens illégaux".

"A Kampala, nous nous sommes occupés de Besigye, nous continuerons à nous occuper de lui et il n'y aura pas de manifestation", a prévenu samedi le président Museveni, traitant le chef de l'opposition "d'idiot".

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