Khalifa Guesmi, journaliste de la radio tunisienne privée Mosaïque FM, a été arrêté au nom d'une loi antiterroriste, après la publication sur le site de la station d'un article qu'il a écrit sur le démantèlement d'une "cellule terroriste" et l'arrestation de ses membres. Ce journaliste et deux de ses confrères de la même radio ont comparu vendredi devant un juge d'instruction au pôle judiciaire antiterroriste dans le cadre de cette affaire. "Le pôle judiciaire antiterroriste a décidé de remettre en liberté Khalifa Guesmi et de ne retenir aucune charge à l'encontre de ses deux confrères", a précisé à l'AFP son avocat Me Rahal Jallali. Quant à M. Guesmi, il reste poursuivi, selon son avocat, en vertu de l'article 34 de la loi antiterroriste qui "punit de dix à vingt ans d'emprisonnement" quiconque publie des informations "au profit d'une organisation ou entente terroriste". Quelques heures avant l'annonce de cette décision, des dizaines de journalistes se sont rassemblés à Tunis pour réclamer la libération de M. Guesmi. "Le journalisme n'est pas un crime", "les journalistes ne sont pas des terroristes", "honte au président, les journalistes ne sont pas des flics", ont scandé les manifestants rassemblés devant le siège du Syndicat national des journalistes (SNJT) à Tunis, a constaté un correspondant de l'AFP. Mercredi, deux reporters du site d'information Nawaat ont été empêchés de couvrir l'action d'un groupe réclamant la vérité sur l'éventuelle implication de policiers dans la mort par noyade en 2018 d'un jeune supporter de football. Ils doivent se présenter le 14 avril devant un tribunal de la banlieue sud de Tunis sans qu'ils sachent les raisons de cette convocation, selon Nawaat. "Les poursuites contre les journalistes sont des poursuites contre l'opinion publique", "la liberté de la presse est une ligne rouge", "Quatrième pouvoir et non pas soumis au pouvoir", pouvait-on lire sur des affiches brandies par les protestataires. "Par ces pratiques, les autorités veulent nous intimider pour qu'on suive le chemin qu'elles tracent, ou risquer l'arrestation et le harcèlement", a dit devant la foule le président du SNJT Mahdi Jlassi. "Des magistrats se montrent complices des pratiques du pouvoir visant à faire taire les voix", a-t-il ajouté.
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