"Le Mali non plus n'exclut rien par rapport à ces questions si ça ne prend pas en compte nos intérêts", a dit M. Diop à Radio France Internationale et France 24 en réaction à des propos de son homologue français Jean-Yves Le Drian. Celui-ci a fait le constat d'une "rupture du cadre politique et du cadre militaire", devant la dégradation accélérée des rapports et la demande, par Bamako, de retrait des forces spéciales danoises. Le Mali est prêt le cas échéant à dénoncer l'accord de défense conclu avec la France, dont il a demandé récemment la révision à Paris, parce que "certaines dispositions sont contraires à la Constitution et à la souveraineté du Mali", a dit M. Diop. "Nous attendons une réponse rapide de Paris. A défaut de réponse assurez-vous (soyez assurés) que le Mali s'assumera" (prendra ses responsabilités), a-t-il dit. Quant à demander le départ des troupes françaises, "cette question n'est pas pour le moment sur la table", a-t-il dit. Cependant, "si une présence à un moment donné est jugée contraire aux intérêts du Mali, nous n'hésiterons pas à nous assumer, mais nous n'en sommes pas là", a-t-il dit. La junte arrivée au pouvoir à la faveur d'un putsch en août 2020 est entrée ces derniers mois en résistance face à une grande partie de la communauté internationale et des partenaires du Mali qui pressent pour un retour des civils à la tête de ce pays plongé depuis des années dans une crise sécuritaire et politique profonde. Les positions se sont durcies quand les militaires ont révoqué leur engagement à organiser des élections le 27 février prochain et que l'organisation des Etats ouest-africains Cédéao a infligé des sanctions vigoureuses le 9 janvier. - "Inacceptables" - La junte s'est braquée depuis au nom de la souveraineté nationale. Les tensions ont culminé cette semaine quand elle a poussé le Danemark à annoncer le retrait d'une centaine de soldats participant au groupement européen de forces spéciales Takuba, initié par la France. Les rapports avec la France, l'ancienne puissance coloniale engagée militairement au Mali et au Sahel depuis 2013, ne cessent de s'envenimer. Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a qualifié la junte d'"illégitime" et ses actes d'"irresponsables". M. Diop a fustigé des propos "empreints de mépris" et "inacceptables". La France et ses alliés européens s'alarment de l'appel fait, selon eux, par la junte aux mercenaires de la sulfureuse société russe Wagner, groupe réputé proche du Kremlin, accusé d'exactions en Centrafrique et engagé sur d'autres théâtres. La junte persiste à démentir. Le commandant de l'armée américaine pour l'Afrique (Africom), le général Stephen Townsend, disait la semaine passée que Wagner était présent au Mali, avec peut-être plusieurs centaines d'hommes. Le chef de la diplomatie malienne l'a accusé de mentir. "Absolument", a-t-il répondu quand il lui a été demandé si c'étaient des mensonges. Il a évoqué le souvenir de Colin Powell argumentant en 2003 devant le Conseil de sécurité de l'ONU sur la présence d'armes de destruction massives en Irak, information infondée mais qui avait contribué à justifier l'invasion. "Notre cooperation avec la Russie est une coopération d'Etat à Etat, le Mali ne s'adresse qu'au gouvernement russe, qui répond à nos sollicitations avec une grande célérité et une grande efficacité", a dit M. Diop. Les livraisons d'équipements russes ont atteint ces sept derniers mois un niveau sans précédent depuis 15 ou 20 ans, a-t-il assuré.
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