Un millier de personnes ont péri en six semaines dans la ville rebelle assiégée de Misrata, selon des sources médicales, au moment où les combats en Libye marquaient le pas près d'un mois après le début de l'intervention militaire internationale.
"Quatre-vingts pour cent des morts sont des civils", a déclaré lundi l'administrateur de l'hôpital de Misrata, le Dr Khaled Abou Falgha, précisant que les combats incessants depuis la fin février dans la ville côtière située à 200 km à l'est de Tripoli avaient également fait 3.000 blessés.
Ce bilan n'a pas pu être confirmé auprès d'autres sources.Selon Human Rights Watch, citant des sources médicales à Misrata, à la date du 15 avril, 267 corps avaient été amenés dans les morgues de la ville.
Mais "le nombre de morts est plus élevé car certaines familles n'ont pas transporté les corps de leurs proches dans une morgue", a indiqué lundi l'organisation citant des médecins.
Touché par un tireur embusqué, le petit Mohammed, 10 ans, a été conduit au service des soins intensifs.Ses yeux sont ouverts mais les médecins doutent que l'enfant reprenne jamais conscience.
"Il a été atteint par une balle à haute vélocité.Elle est entrée par le côté gauche de sa tête et est ressortie de l'autre côté", explique le Dr Abdoul Kather Mouqtar.
L'hôpital a enregistré une augmentation du nombre de civils blessés par des balles à haute vélocité tirées par des snipers et provoquant des blessures dont les séquelles sont souvent irréversibles.
Le Dr Mouqtar a précisé avoir également constaté, depuis la semaine dernière, de graves blessures causées par des bombes à sous-munitions, interdites par une convention internationale mais que les forces pro-Kadhafi emploient depuis jeudi, selon les rebelles et HRW.
Les combats ont été "horribles", raconte Hussein Al-Fortia, un responsable des rebelles.
"Il y a des familles (qui veulent partir) (...) Rester à Misrata est terrible.Tout le monde à Misrata se trouve sur la ligne de front", ajoute-t-il.
Selon lui, les forces du dirigeant Mouammar Kadhafi attaquent par trois côtés et tirent des roquettes à plusieurs km de distance."Ils ont le feu vert pour tuer".
Samedi, l'ONG Médecins Sans Frontières (MSF) a évacué en Tunisie 99 blessés, dont 10 dans un état "critique", par la voie maritime, la seule qui relie la ville assiégée au reste du monde.
Une dizaine de milliers de migrants, notamment égyptiens et nigériens, attendent toujours leur évacuation dans un camp de fortune installé près du port de Misrata, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Jeremy Haslam, chef de la mission de l'OIM dans le pays, a indiqué craindre également un mouvement d'exode de masse des quelque 400.000 habitants libyens de la ville qui dépasserait les capacités logistiques du dispositif mis en place par l'OIM, le Qatar et MSF.
Ailleurs dans le pays, les combats se poursuivaient à Nalout (ouest) et à Ajdabiya (est) (à 160 km de Benghazi).
Près de Nalout, des combats avaient lieu lundi après-midi entre rebelles et pro-Kadhafi à moins d'une dizaine de km de la frontière avec la Tunisie, selon un témoin.
Environ 3.000 Libyens ont fui samedi les montagnes de l'ouest du pays pour rejoindre la Tunisie, a indiqué le Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR).
A Ajdabiya, les rebelles tenaient toujours la ville lundi, selon un journaliste de l'AFP qui a entendu trois tirs de roquettes au loin à l'ouest dans la matinée.
Pour le régime libyen, "l'implication d'Al-Qaïda dans le conflit en Libye est prouvée chaque jour", a estimé dimanche le porte-parole du régime, Moussa Ibrahim.
Seif Al-Islam, un des fils du colonel Kadhafi, a affirmé pour sa part que les forces loyales n'avaient "commis aucun crime", dans une interview parue lundi dans le Washington Post.
"Je ne peux pas accepter que l'armée ait tiré sur des civils.Ceci n'est jamais arrivé et n'arrivera jamais", a-t-il indiqué.
La coalition internationale est intervenue le 19 mars, sur mandat de l'ONU, pour mettre un terme à la répression sanglante de la révolte contre le régime autoritaire de Mouammar Kadhafi, au pouvoir depuis 42 ans.L'Otan a pris les commandes de l'intervention militaire le 31 mars.
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a appelé lundi à un cessez-le-feu réel en Libye, soulignant que c'était l'un des trois objectifs des Nations unies dans ce pays, avec l'extension de l'aide humanitaire et la poursuite du "dialogue politique et la recherche d'une solution politique".
Pour le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, il faut "maintenir la pression militaire" en Libye, le départ de Mouammar Kadhafi étant "le but principal" de la coalition.
Le ministre français de la Défense, Gérard Longuet, a estimé qu'il y avait "un certain risque" que le conflit "puisse durer".
Le Premier ministre britannique David Cameron a répété qu'il n'était "pas question d'une invasion ou d'une occupation".
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