Nigeria: décès d'un activiste religieux opposé à la vaccination anti-polio

Infos. Un activiste religieux nigérian, médecin de formation et rendu célèbre pour s'être fermement opposé il y a deux décennies à la vaccination contre la polio au Nigeria, est décédé jeudi, a annoncé sa famille.

Nigeria: décès d'un activiste religieux opposé à la vaccination anti-polio

Datti Ahmad est décédé à l'âge de 83 ans des suites du diabète dans sa maison à Kano, dans le nord du pays, a précisé un membre de sa famille. "Datti est décédé aujourd'hui. Il a lutté contre le diabète pendant six mois avant que sa santé ne s'effondre", a déclaré Bala Abubakar. M. Ahmad, l'un des premiers médecins du nord du Nigeria, est devenu célèbre pour avoir été le fer de lance de la campagne anti-vaccination contre la polio menée en 2003 par des religieux musulmans. Certains affirmaient que le vaccin contenait des substances susceptibles de rendre les enfants stériles dans le cadre d'un complot occidental dirigé par les Etats-Unis pour dépeupler les pays musulmans. Ces allégations avaient provoqué un rejet massif du vaccin, forçant les autorités de Kano à décréter une interdiction de la vaccination pendant plus d'un an. A la suite de cette interdiction, la polio était devenue endémique et avait fait de Kano l'épicentre de la transmission du virus à d'autres régions du monde jusque-là préservées. Après des tests cliniques ayant prouvé l'innocuité du vaccin, Kano a repris la campagne de vaccination contre la maladie, ce qui a conduit à l'éradication de la polio dans le pays l'année dernière. M. Ahmad a fondé en 2000 le Conseil suprême pour la charia au Nigeria (SCSN), un groupe de pression musulman dont le but était de faire imposer la loi islamique dans 12 Etats du nord du pays à majorité musulmane. En 2002, il avait lancé un appel réclamant l'annulation de l'élection de Miss Monde prévue à Abuja, la capitale, provoquant des manifestations dans les rues de Kaduna, ville du nord du Nigeria. Ces manifestations avaient dégénéré en émeutes meurtrières entre musulmans et chrétiens dans la ville. Près de 3.000 personnes avaient perdu la vie, selon des responsables. En mars 2012, le groupe jihadiste Boko Haram avait nommé Datti Ahmad comme intermédiaire dans les négociations avec le gouvernement visant à mettre fin aux violences dans le nord-est du pays en proie à une insurrection jihadiste depuis 2009. Celui-ci s'était retiré des pourparlers un mois plus tard, critiquant "le manque de sincérité" du gouvernement.

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