Selon le ministère des Technologies, une "opération d'essai et de sensibilisation" a démarré dans les maisons de jeunes des 24 régions du pays, et "la plateforme sera ouverte à tout le monde à compter du 15 janvier et jusqu'au 20 mars". Sachant que 45% seulement des foyers tunisiens disposent d'une connexion internet, les autres pourront se rendre dans divers comités de quartier. "Votre présent et votre avenir sont lancés", indique sur sa page d'accueil le portail électronique de la consultation nationale www.e-istichara.tn. Pour adresser leurs remarques, les internautes sont appelés à s'inscrire avec leur carte d'identité en entrant dans le portail, sollicitant un code secret qui leur sera envoyé par texto/SMS. Les autorités assurent que la plateforme a été conçue pour permettre "aux Tunisiens, à la maison et à l'étranger, d'exprimer leurs points de vue sur les questions les plus importantes", en ajoutant "parce que votre avis est important". Le site énumère les questions politiques et électorales, économiques et financières, les problèmes sociaux, le développement et la transition numérique, la santé et la qualité de la vie, les affaires éducatives et culturelles. A la fin de son préambule, la plateforme indique: "consultation nationale...votre opinion, notre décision". Depuis le 25 juillet 2021, arguant de blocages politiques et socio-économiques, M. Saied s'est arrogé les pleins pouvoirs dans le pays qui fut le berceau du Printemps arabe en 2011. Il a limogé le Premier ministre et suspendu le Parlement, dominé par le parti d'inspiration islamiste Ennahdha, sa bête noire. Depuis, il gouverne par décrets malgré les protestations de ses opposants et des organisations nationales dont la puissante centrale syndicale UGTT. Le 13 décembre, M. Saied a dévoilé une feuille de route destinée à sortir de la crise politique avec un scrutin législatif prévu en décembre 2022, après révision de la loi électorale, et un référendum en juillet 2022 pour amender la Constitution, qu'il veut plus "présidentielle", aux dépens du Parlement. Auparavant, une "consultation populaire" électronique doit être organisée pour faire émerger des idées qui doivent servir de base aux amendements constitutionnels. Un procédé singulier qui illustre, selon ses détracteurs, les méthodes "populistes" du président, élu en 2019 avec près de 73% des suffrages, et qui continue de jouir d'une popularité solide.
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