Tunisie: hospitalisé, l'homme fort d'Ennahdha refuse alimentation et médicaments (source à l'AFP)

Infos. L'ex-ministre de la Justice de Tunisie Noureddine Bhiri, homme fort du parti d'inspiration islamiste Ennahdha, hospitalisé après son arrestation vendredi, refuse de s'alimenter et de prendre des médicaments, a indiqué lundi à l'AFP une source informée qui lui a rendu visite dimanche soir.

Tunisie: hospitalisé, l'homme fort d'Ennahdha refuse alimentation et médicaments (source à l'AFP)

Une délégation constituée de cinq personnes --trois de l'Instance de prévention de la torture (INPT, autorité indépendante) et deux du Haut commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme-- a pu entrer à l'hôpital de Bizerte (nord) où M. Bhiri a été admis, selon cette source. "Il n'est pas en situation critique pour le moment", a indiqué à l'AFP la source qui a participé à cette visite. Interpellé vendredi matin, M. Bhiri, 63 ans, "est vivant et lucide, (il) est pris en charge dans une chambre individuelle, au service cardiologie de l'hopital", a-t-elle précisé. Mais "depuis vendredi, (M. Bhiri) refuse toute alimentation et les médicaments, c'est pour ça qu'il a été transféré à l'hôpital où il est sous surveillance rapprochée", selon cette source. Dimanche soir, plusieurs militants et députés d'Ennahdha avaient affirmé que M. Bhiri se trouvait "en état critique" avec des "menaces pour sa vie" et qu'il avait été "privé de ses médicaments". Ennahdha est au coeur d'un bras de fer avec le président Kais Saied depuis son coup de force du 25 juillet et sa décision de suspendre le Parlement que ce parti contrôlait depuis une dizaine d'années. Le coup de force de M. Saied a été qualifié de "coup d'Etat" par Ennahdha et plusieurs ONG nationales et internationales ont dit craindre une dérive autoritaire. La visite de la délégation s'est tenue entre minuit et 01H00 dimanche, selon la même source. "Nous avons pu entrer tous ensemble et avoir une rencontre individuelle avec la personne concernée", selon la source. Une deuxième source informée qui y participait aussi a confirmé la visite de cette délégation. M. Bhiri n'est "pas perfusé car il n'est pas possible de lui administrer de force de l'alimentation ou des médicaments", a-t-elle précisé. Selon elle, M. Bhiri étant atteint de plusieurs maladies chroniques, notamment du diabète et de l'hypertension, l'équipe médicale voudrait qu'il soit transféré dans un hôpital militaire, redoutant que son état ne se détériore. L'INPT qui a pour mandat de vérifier le sort des personnes privées de liberté, s'est saisie du dossier dès samedi pour réclamer au ministère de l'Intérieur des informations sur le lieu de détention de M. Bhiri et d'un autre cadre d'Ennahdha, Fathi Baldi, interpellé en même temps que lui. Aucune information n'était disponible lundi matin sur le lieu de détention de M. Baldi. L'INPT a déploré dans un communiqué officiel et auprès de l'AFP le "silence complet" des autorités sur le lieu "tenu secret" de l'"assignation à résidence" des deux hommes et a dénoncé des interpellations, faites à "titre préventif" sans motivations claires ni poursuites judiciaires.

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