Le procès avait été reporté plus tôt lundi, après avoir déjà été une première fois suspendu par un putsch il y a une semaine. "Le tribunal a examiné les différents arguments" et "décidé de suspendre l'audience pour une bonne administration de la justice. Il invite les parties à rester à l'écoute pour la reprise qui se fera après le rétablissement de la Constitution", avait déclaré lundi matin le président de la juridiction militaire, Urbain Meda. La junte ayant rétablit la Constitution dans la journée, le procès reprendra mercredi, a indiqué le tribunal dans un communiqué. Dès l'ouverture de la séance de reprise du procès qui avait été interrompu par le coup d'Etat du 24 janvier, les avocats de la partie civile avaient demandé sa suspension en attendant "la normalisation juridique" de la part des nouveaux dirigeants du pays. "La partie civile estime qu'un procès doit se tenir dans un délai raisonnable, mais nous ne voulons pas d'un procès" qui soit entaché "d'irrégularités", a déclaré Prosper Farama, avocat de la famille Sankara. Dans sa seule prise de parole publique jeudi soir à la télévision nationale, le président de la junte, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, s'était engagé au "retour à une vie constitutionnelle normale", "lorsque les conditions seront réunies", sans préciser de durée. "Est-ce que cette juridiction, dont l'indépendance est garantie par la Constitution, peut tenir son audience alors que la Constitution qui garantit cette indépendance est suspendue ?", s'est interrogé M. Farama. Un avocat de la défense, Mamadou Sombie, avait estimé lui que "la justice n'est pas rendue au nom de la Constitution, mais au nom du peuple burkinabè". Le procès, qui a débuté en octobre 2021, avait été interrompu le jour du putsch, alors qu'il devait entrer dans la phase des réquisitoires et des plaidoiries. Douze des quatorze accusés, dont le général Gilbert Diendéré, 61 ans, un des principaux chefs de l'armée lors du putsch de 1987, étaient présents à ce procès. Le principal accusé, l'ancien président Blaise Compaoré (1987-2014), avait été porté au pouvoir par ce putsch qui avait coûté la vie à Thomas Sankara, au pouvoir depuis 1983, qui fut un leader progressiste et une icône panafricaine. M. Compaoré était absent, ses avocats ayant dénoncé "un simulacre de procès" devant "un tribunal d'exception". Soupçonné d'avoir été le commanditaire de l'assassinat de M. Sankara et de 12 de ses compagnons, ce qu'il a toujours nié, il a été chassé du pouvoir en 2014 par la rue et vit depuis en Côte d'Ivoire. Autre grand absent, l'adjudant-chef Hyacinthe Kafando, ancien commandant de la garde de M. Compaoré, en fuite depuis 2016, est soupçonné d'avoir mené le commando ayant assassiné Thomas Sankara et ses compagnons. L'écrasante majorité des accusés présents ont plaidé non coupable, notamment de "complicité d'assassinat", dont le général Diendéré, qui purge déjà une peine de 20 ans de prison pour une tentative de coup d'Etat en 2015.
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