Le magistrat est "suspendu de ses fonctions avec effet immédiat pour faute disciplinaire", indique sans autre précision sur la nature des faits un arrêté du ministère de la Justice publié mardi soir. L'arrêté ajoute que le "Conseil Supérieur de la Magistrature sera saisi des faits qui lui sont reprochés". Un peu plus tard dans la soirée mardi, un arrêté du ministre délégué à la présidence chargé de la Défense nationale, Sidiki Camara, a été lu à la télévision publique, annonçant la suspension du colonel Balla Samoura, haut commandant de la Gendarmerie nationale et directeur de la justice militaire. Ce dernier a été suspendu pour "non respect des consignes relatives à la prise de parole publique conformément à l'article 8 du statut et particulier des militaires", selon l'arrêté. Lors d'une conférence de presse lundi, M. Wright avait menacé de poursuites le colonel Samoura, en l'accusant d'ingérence dans les affaires des Officiers de la police judiciaire (OPJ). M. Wright reprochait au colonel, membre influent du Comité national de rassemblement pour le développement (CNRD), l'organe dirigeant de la junte, d'avoir procédé à des arrestations et séquestrations d'anciens hauts responsables en place sous la présidence d'Alpha Condé, déposé par la junte le 5 septembre 2021. Le magistrat a réitéré ses propos mardi matin lors d'une émission à la radio locale. "On ne s'attribue pas des prérogatives, c'est la loi qui le fait. J'ai beaucoup de respect pour le colonel Balla Samoura. On peut tout négocier, sauf la loi", a-t-il déclaré avant d'ajouter: "Je ne peux pas être procureur pour être celui-là qui va se taire sur les dysfonctionnements". M. Wright est un procureur connu en Guinée pour son audace. Sous la présidence d'Alpha Condé, il s'était opposé à la condamnation d'Oumar Sylla alias Foniké Mangué, un opposant au président Condé et cadre du Front national de défense de la Constitution (FNDC), affirmant que le dossier était vide. En janvier, la junte avait déjà limogé la ministre de la Justice et des Droits de l'homme Fatoumata Yarie Soumah. Selon la presse guinéenne, elle était en désaccord avec le secrétaire général de la présidence, le colonel Amara Camara, pour n'avoir pas été consultée pour discuter de la politique pénale du gouvernement. Les militaires ont dit faire de la lutte contre la corruption, réputée endémique, l'un de leurs grands combats. Le colonel Mamady Doumbouya, chef de la junte qui s'est fait investir président, a assuré qu'il n'y aurait pas de "chasse aux sorcières" mais que la justice serait la "boussole" du pays. La junte a cependant procédé à l'éviction de nombreux cadres des services de l'Etat.
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