La flambée inflationniste en Ouganda et l'incapacité du gouvernement à y remédier pourraient alimenter de nouvelles manifestations, mais la probabilité de voir ce mouvement se transformer en révolution à l'égyptienne demeure mince, selon des analystes.
Les forces de sécurité ougandaises ont sévèrement réprimé plusieurs tentatives de marches à l'appel de l'opposition pour dénoncer la cherté de la vie en périphérie de Kampala et en province, entraînant en réaction plusieurs petits foyers d'émeutes.Quatre personnes sont mortes en une semaine, selon la Croix-Rouge ougandaise.
Lundi, le leader de l'opposition Kizza Besigye appelait à la poursuite du mouvement dans la foulée de sa deuxième arrestation et inculpation en une semaine.En tout, une vingtaine de figures de l'opposition ont été interpellées, dont deux autres candidats à la présidentielle de février largement remportée par le président sortant Yoweri Museveni.
"En se concentrant sur la question des prix, qui a un impact sur la vie de chacun, l'opposition a touché une corde sensible auprès de la population", relève Frederick Golooba-Mutebi, politologue et enseignant à la prestigieuse université de Makerere, à Kampala.
L'inflation des prix des denrées alimentaires a frôlé les 30% en mars en rythme annuel tandis que le prix des carburants augmentait de 10%, selon l'indice des prix à la consommation.
Dimanche, le président Museveni promettait d'étouffer les manifestations dans l'oeuf, les qualifiant d'"idiotes" tandis que le gouvernement mettait en avant des facteurs échappant à son contrôle comme la hausse des cours mondiaux du pétrole et de récentes sécheresses.
"Répondre aux manifestations par la seule violence ne règlera par le problème.Si au contraire il (le pouvoir) s'attaquait au problème, cela ôterait toute justification aux manifestations", estime M. Golooba-Mutebi, citant la réduction récente de taxes sur certains carburants au Kenya voisin.
Le gouvernement a été pris de court par le mouvement de protestation, comme endormi après l'échec de l'opposition à contester les résultats de la présidentielle dans la rue.
"La réponse du gouvernement relève d'une erreur de communication majeure", juge Levi Ochieng, analyste politique indépendant installé à Kampala et interrogé par l'AFP.
Quand bien même l'opposition a fait de la question de la hausse des prix un cheval de bataille politique, le gouvernement s'est montré incapable de rassurer la population et de lui prouver qu'il tentait de trouver une solution, le tout sur fond de dépenses publiques contestées, selon M. Ochieng.
L'Etat ougandais a récemment acheté deux avions de chasse et prévoit de dépenser un million de dollars pour la cérémonie d'investiture de M. Museveni en mai.
De même, le gouvernement juge avec dédain toute comparaison entre la situation en Ouganda et les révoltes populaires en Tunisie ou en Egypte.Le ministre des Affaires intérieures Kirunda Kivejinja s'est empressé de railler "la stratégie Tahrir" de l'opposition, du nom d'une place du Caire qui fut l'épicentre de la contestation en Egypte.
"C'est peut-être ce que beaucoup de gens veulent, mais nous ne sommes pas dans le même contexte", estimait le ministre lundi.
Selon plusieurs analystes, l'approche répressive du gouvernement est susceptible d'entraîner de nouveaux affrontements mais la perspective pour les manifestants de perdre de précieuses journées de salaire pourrait les inciter à reprendre le travail avant même que le mouvement ne s'étende.
"Comme cela a un impact sur l'économie, les gens finissent par se lasser et le mouvement s'étiole", analyse M. Ochieng.
"La situation socio-économique en Ouganda est complètement différente et je ne vois pas de mouvement constant sur le long terme", prévoit-il.
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