"Notre rédaction a été profondément indignée à la fin de l'année 2021 quand l'enquête +Congo Hold-up+, dont nous sommes partenaires, a été gravement remise en cause dans une interview associée à l'image de RFI", souligne le texte de la motion, soumise au vote d'environ 500 journalistes. En cause: la diffusion fin novembre d'un entretien mené par le journaliste vedette de la radio, Alain Foka, avec Jules Alingete, chef des services de l'Inspection générale des finances de la République démocratique du Congo (RDC), sur sa chaîne YouTube personnelle. Au cours de cette interview, diffusée avec le logo de la chaîne de télévision d'information en continu France 24 et un micro siglé RFI, le haut fonctionnaire congolais a qualifié l'enquête portée notamment par une journaliste de RFI, Sonia Rolley, d'"insinuations" visant à "brûler le Congo". Or, la veille, M. Alingete saluait sur RFI les conclusions de cette investigation, réalisée par un consortium international de médias internationaux et d'ONG, selon lesquels l'ancien président de la RDC Joseph Kabila et ses proches famille auraient "siphonné" au moins 138 millions de dollars de fonds publics avec la complicité d'une banque. "La direction aurait dû agir. Il n'en a rien été, ce qui a eu pour conséquence d'entraîner une campagne de dénigrement et d'insultes contre la collègue (...) et contre notre rédaction", dénoncent les auteurs de la motion de défiance. Face au tollé, la direction a amorcé des discussions avec les sociétés de journalistes de RFI et France 24 pour améliorer l'application des réglementations internes existantes et a lancé l'élaboration d'un "document de référence" pour encadrer "les collaborations et activités extérieures" de ses journalistes. Elle a indiqué avoir "procédé, pour un même collaborateur, à une double sanction", sans divulguer son nom, ni la nature des sanctions. Sollicitée par l'AFP, la direction a indiqué ne pas vouloir communiquer hors de l'entreprise pour le moment. A l'étranger, les journalistes travaillant pour RFI, reliés par un réseau de discussion interne, ont été "choqués" de "voir une collègue chevronnée pointée du doigt et lâchée par la direction", rapporte une pigiste. "C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase", affirme une autre, évoquant des conditions de travail en forme de "longue descente aux enfers" pour les pigistes français de RFI, qui se sont vu supprimer début 2019 les cotisations sociales de leurs rémunérations, y compris sur les zones de conflits ou de pandémie type Ebola.
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