"L'Ukraine n'existe pas pour les Sud-Africains", explique Liubov Abravitova, en talons aiguilles et chemisier brodé traditionnel, dans son bureau pourtant rempli de bouquets déposés devant son ambassade avec de petits mots de soutien. "Ils sont reconnaissants à la Russie" et oublient que quand l'URSS se mobilisait contre l'apartheid, l'Ukraine en faisait encore partie", fait-elle valoir mardi auprès de l'AFP. Après 1991, et la dissolution de l'Union, "nous étions occupés à bâtir notre pays, notre économie. L'Afrique n'était pas notre priorité et puis les Russes y étaient déjà implantés", dit-elle. "Quand la Crimée a été envahie en 2014, nous n'avons pas reçu de soutien fort", rappelle-t-elle et les médias sud-africains n'étaient "pas intéressés". Dormant peu ces jours-ci, elle s'active pour mettre en avant le "récit ukrainien" conre "la désinformation russe qui a de solides racines ici". "C'est un effort énorme, on voit circuler de +sales infos+, c'est très destabilisant quand tu sais que les tiens sont en train de mourir". Elle facilite l'arrivée en Afrique du Sud d'Ukrainiens en exil, au titre du regroupement familial. Et tente d'aider à rentrer dse étudiants africains coincés par la guerre en Ukraine. Le pays comptait 16.000 étudiants africains, précise-t-elle à l'AFP. Et beaucoup de leurs pays n'ont pas d'ambassade à Kiev, mais plutôt à Moscou ou d'autres capitales, ce qui ne simplifie pas la situation. A la frontière polonaise, certains "ont été mal traités" dans de longues queues épuisantes, sans eau ni nourriture, dans le froid. Ils ont évoqué du racisme, affirmant que les Ukrainiens étaient mieux reçus qu'eux. Ces jeunes n'ont pas quitté le pays à temps parce que "la Russie racontait des histoires en disant qu'elle ne prévoyait pas d'envahir, ils ont cru que (Poutine) montrait juste ses muscles", dit-elle. Mme Abravitova dit sa reconnaissance pour les marques de soutien dans la région et au-delà, évoquant ce diplomate européen au Botswana qui a commandé à son tailleur la fabrication d'un drapeau ukrainien. "Elle permettent de dire aux Ukrainiens qui se cachent dans des caves, des sous-sols, que le monde n'est pas indifférent, qu'il se tient avec eux". Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a affirmé vendredi qu'il allait engager des discussions avec la Russie "pour que cette guerre cesse". Les deux pays, membres des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), entretiennent des liens diplomatiques remontant à l'apartheid.
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