Soudan: retour à la "maison" pour de nombreux familles sudistes du Nord

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RUMAMERI (Soudan) (AFP)

Dans un village de la région d'Abyei, entre le nord et le sud du Soudan, des dizaines de familles ayant vécu des années dans le Nord reviennent sur leur terre natale, mais comme nombre de déplacés, ils doivent camper.Or, la saison des pluies s'annonce.

"Ce pays est notre pays, et c'est pour cela que nous sommes de retour", indique Nyang Dow Deng Abuol, 77 ans, qui vivait à Khartoum.Avec sa famille, il a emprunté les moyens de transport gratuits fournis par le gouvernement du Sud-Soudan pour retourner à Rumameri.

Assis à l'ombre, Nyang est sûr d'avoir pris la bonne décision.

"Que la situation soit bonne ou mauvaise, je suis très heureux d'être ici parce que c'est chez moi", dit ce père de 11 enfants, qui s'est installé il y a trente ans à Khartoum où a grandi sa progéniture.

Il sait cependant que d'ici la fin du mois d'avril, la saison sèche prendra fin, et alors, comme des milliers d'autres familles vivant sous l'ombre des arbres avec toutes leurs affaires, il devra faire face à une nouvelle épreuve.

Loin de ces préoccupations, des enfants pataugent dans une rivière coulant dans le village et du bétail paît dans une prairie près de la route menant à Abyei, à 25 km au nord-ouest.

Selon l'agence humanitaire de l'ONU, plus de 290.000 personnes qui résidaient dans le Nord sont revenues dans le Sud depuis octobre et 40.000 autres dans la région d'Abyei.

Leur retour a été consécutif au référendum de janvier sur l'indépendance du Sud -élément clé de l'accord de paix ayant mis fin en 2005 à plus de deux décennies de guerre civile entre le Nord et le Sud-, massivement approuvé par les Sud-Soudanais.

Un autre référendum simultané qui devait permettre à Abyei de choisir son rattachement au Nord ou au Sud, a été cependant reporté sine die, notamment en raison de différends sur le droit de vote.

Le statut de cette région riche en pétrole et disputée à la lisière entre le Nord et le Sud reste donc au coeur des discussions avant l'indépendance de juillet.Et le sort de ceux qui reviennent, en grande majorité des membres de la tribu sudiste Ngok Dinka qui se considèrent comme partie intégrante du Sud, reste incertain.

Autour de Rumameri, hommes et femmes s'attelent à construire des tukuls, ces chaumières traditionnelles, pour héberger leur famille et bétail avant l'arrivée des pluies.

Mais beaucoup des familles qui reviennent du Nord n'ont pas les moyens pour une nouvelle maison.A cela se rajoute la difficulté d'acquérir de la terre pour y construire, un problème qualifié d'"urgent" par l'ONU dans l'Etat voisin du Bahr el-Ghazal du Nord.

Selon Arop Ayuwel, chef du village, l'agence d'aide américaine Mercy Corps a construit une centaine de maisons dans la zone de Rumameri pour loger les nouveaux arrivants.

"Mais cela ne suffit pas.Il y a tellement de gens qui sont venus de Khartoum, et beaucoup d'entre eux seront toujours sans domicile quand les pluies commenceront", explique-t-il.

Pour les plus jeunes générations, qui ont grandi à Khartoum, la transition est particulièrement rude.

"Nous sommes inquiets de ce que nous ferons quand la pluie arrivera.C'est la première fois que nous sommes dans cette situation", témoigne Shikora, 17 ans, dont la famille est entassée autour d'un arbre près du terrain de foot de Rumameri.

"Je suis venue ici parce que ma mère m'a dit que nous allions au Sud.C'était mieux à Khartoum, mais ma famille est ici, alors je vais rester.Il n'y plus personne qui m'attend là-bas".

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