Afrique du Sud: le chef de la jeunesse de l'ANC défend son chant anti-boer

Le turbulent dirigeant de la jeunesse du Congrès national africain (ANC), Julius Malema, a défendu mercredi devant la justice une chanson anti-apartheid qui d'après certains Blancs est un appel à la haine raciale, estimant qu'elle faisait partie du patrimoine sud-africain.

La chanson --en zoulou "Dubula ibhulu", c'est-à-dire "Tuez le Boer", ou fermier-- fait directement référence aux descendants des Boers, colons néerlandais qui se sont installés en Afrique du Sud au XVIIe siècle, depuis plus connus sous le nom d'Afrikaners.

Afriforum, un groupe qui se présente comme la voix des Afrikaners, a déposé plainte devant le Tribunal pour l'égalité afin d'empêcher Julius Malema de chanter cette chanson, et plus généralement pour que soit interdite cette dernière, considérée comme un appel à la haine.

Julius Malema a expliqué à la Cour que la chanson n'était pas la sienne, mais faisait partie du patrimoine de l'ANC et était un héritage de la lutte anti-apartheid.

"C'est une vieille chanson qui a été chantée par des leaders (de l'ANC) avant nous, et nous continuons simplement.Ce n'est pas ma chanson", a-t-il dit.

Il a argumenté que les paroles ne visaient pas les Blancs en particulier, et n'étaient pas destinées à inciter à la violence, affirmant que "ibhulu" veut dire "oppresseur", une traduction contestée par des locuteurs interrogés par l'AFP.

"Notre lutte n'a jamais été dirigée contre les Blancs", a souligné le dirigeant de la jeunesse du parti au pouvoir, qui a chanté la chanson incriminée lors de nombreux meetings.

Afriforum a au contraire estimé, dans sa déposition, que "le mot +boer+, dans ce contexte, est un terme péjoratif faisant référence aux fermiers, aux Blancs, et aux Afrikaners en particulier".

Depuis le début du procès le 11 avril, les dirigeants de l'ANC ont défendu la chanson, disant qu'elle fait partie du patrimoine national.

La chanson "Tuez le Boer" était populaire dans le début des années 1990.Elle était chantée lors de rassemblements politiques et pendant les funérailles de militants anti-apartheid.