"Son pronostic vital n'est pas engagé mais son état est tributaire de sa prise de médicaments", a indiqué à l'AFP Lotfi Ezzedine, un responsable de l'Instance de prévention de la torture (INPT), après que trois médecins de cette autorité indépendante ont vu M. Bhiri dans l'après-midi. Dans un premier temps, "il a accepté d'être perfusé pour prendre le sérum et les médicaments mais ensuite il a de nouveau refusé", a-t-il ajouté, soulignant que les médecins de l'INPT et de l'hôpital de Bizerte (nord), où il est hospitalisé depuis dimanche, ont "des craintes sérieuses" d'une détérioration de sa santé, M. Bhiri souffrant d'hypertension, de diabète et ayant des antécédents cardiaques. Les médecins de Bizerte qui avaient réussi à le convaincre d'être perfusé, en faisant venir sa famille, "ont communiqué parce qu'ils ne veulent pas être tenus pour responsables s'il y a une dégradation critique de son état", a déclaré M. Ezzedine. Depuis son arrestation vendredi par des agents en civil vers un lieu tenu secret, M. Bhiri a observé une grève de la faim et refusé de prendre ses médicaments (16 comprimés par jour). Ennahdha dit avoir porté plainte pour "kidnapping" contre le président Kais Saied et le ministre de l'Intérieur Taoufik Charfeddine, qui a ordonné l'arrestation. Plus tôt mercredi, le comité de défense de M. Bhiri avait affirmé que l'homme fort d'Ennahdha était "entre la vie et la mort". Ennahdha avait déjà indiqué dimanche que son ancien ministre se trouvait dans un "état critique", avant d'être démenti par des sources de l'INPT et du Haut commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme. Ennahdha est au coeur d'un bras de fer avec le président Kais Saied depuis son coup de force du 25 juillet et sa décision de geler le Parlement que ce parti contrôlait depuis une dizaine d'années. Ennahdha et d'autres opposants ont dénoncé un "coup d'Etat" et différentes ONG ont dit redouter une dérive autoritaire. - "Détention arbitraire" - Par ailleurs, le comité de défense de M. Bhiri a dénoncé mercredi comme "totalement fausses" des accusations prononcées lundi par le ministre de l'Intérieur qui a assuré que l'arrestation de M. Bhiri était liée à "des soupçons graves de terrorisme". Le parquet a confirmé mardi avoir ouvert une enquête après la réception d'un "rapport des services de lutte contre le terrorisme et le crime organisé". Selon le parquet, des faux documents d'identité et certificats de nationalité ont été attribués à un couple syrien quand M. Bhiri pilotait le ministère de la Justice. Quelques ONG ont commencé mercredi à critiquer la procédure à l'encontre de M. Bhiri. La Ligue tunisienne des droits de l'Homme a notamment appelé le ministère de l'Intérieur à fournir "des précisions sur les circonstances" de son arrestation. L'Organisation mondiale contre la torture (OMCT) a elle dénoncé une interpellation "sans mandat" ni "motivations précises" et le fait que M. Bhiri ait été "conduit dans un lieu de détention secret". Vendredi, le ministère avait annoncé deux assignations à résidence (un autre cadre d'Ennahdha, Fethi Baldi, a été interpellé), sans donner de noms, faisant état d'une "mesure préventive" justifiée "par la nécessité de préserver la sûreté nationale". Selon l'OMCT, "le sort réservé à M. Bhiri s'apparente plutôt à une détention arbitraire" et "illégale".
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