Nigeria: le rival du président rejette le scrutin mais condamne les violences

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KANO (Nigeria) (AFP)

 Le candidat malheureux à la présidentielle au Nigeria, Muhammadu Buhari, a rejeté mercredi les résultats à cause de graves fraudes dans le Sud chrétien, mais a exigé la fin des émeutes postélectorales meurtrières dans le Nord musulman, qui ont provoqué la fuite d'au moins 40.000 personnes.

Principal candidat de l'opposition, M. Buhari, un musulman, est arrivé second avec 31 % des voix derrière le président sortant, Goodluck Jonathan, un chrétien du Sud, qui a été proclamé vainqueur du scrutin de samedi avec 57 % par la Commission électorale nationale indépendante.

Dans la région du delta du Niger, le Sud pétrolifère à majorité chrétien, "et dans le sud-est il n'y a pas eu (vraiment) d'élections et nos partisans n'ont pas été autorisés à voter", a déclaré le général Buhari, qui dirigea la junte militaire en 1984 et 1985, sur les ondes de la Voix de l'Amerique (VOA).

De fait plusieurs Etats du Sud ont annoncé des résultats allant de 95 % à plus de 99% des voix en faveur de M. Jonathan.

 M.Buhari a cependant condamné, comme la veille, les émeutes meurtrières qui avaient commencé dimanche soir: "je demande instamment aux gens de se calmer et de respecter la loi car nous nous adressons (à la Commission électorale) afin d'obtenir justice", a-t-il dit dans une émission en langue haoussa.

Dans l'Etat de Kaduna (centre-nord), un responsable religieux a parlé sur une radio locale "de massacres incroyable et de destructions colossales".

Le bilan des émeutes est tenu secret par les autorités qui disent vouloir éviter des représailles, et ne pouvoir être précis parce que de nombreux corps ont été brûlés sans qu'on puisse les reconnaître ou bien ont été jetés dans des puits.

La Croix-Rouge mentionne de "nombreux morts": "Le nombre des déplacés a grimpé à 39.700 et le nombre des personnes blessées est passé à 410", a déclaré mercredi à l'AFP un responsable de la Croix-Rouge, Umar Abdul Mairiga.

D'après un porte-parole de l'agence de sûreté civile, la distribution d'aide est accélérée après des plaintes de la Croix-Rouge.

Les émeutes ont affecté 14 des 36 Etats, notamment ceux de Kano, Kaduna, Sokoto: des manifestants musulmans ont y brûlé des commerces, des églises et des maisons, faisant plusieurs morts, selon un responsable nigérian de la sécurité.

On a vu des foules de gens en colère, armées de machettes et de gourdins, sortir des gens de leurs voitures pour les attaquer ou incendier des maisons, provoquant ensuite des représailles de chrétiens.Parfois l'initiative des violences est attribuée à ces derniers qui ont brûlé des mosquées.

Les personnes déplacées par les troubles sont hébergées dans des casernes de l'armée ou de la police.

Le président Jonathan a appelé mardi "les chefs politiques et religieux à condamner ces actes afin que notre pays connaisse un développement à la place de la destruction".Selon lui, la plupart des émeutiers sont des "jeunes au chômage" manipulés et que le gouvernement va aider.

Goodluck Jonathan, 53 ans, qui était vice-président, est devenu chef de l'Etat en mai 2010 au décès de son prédécesseur musulman Umaru Yar'Adua.

Dans le Nord, beaucoup considéraient, avant le scrutin, que sa confirmation serait une entorse à la rotation traditionnelle du pouvoir entre Nord et Sud au sein du parti dominant le PDP (parti populaire démocratique).

L'élection, selon les observateurs, a semblé dans l'ensemble plus honnête et transparente que les précédentes au Nigeria mais les résultats anormalement élevés en faveur de M. Jonathan dans plusieurs Etats du Sud ont semé le doute.

Les Etats-Unis ont félicité mardi soir M. Jonathan pour sa victoire et demandé le respect des résultats du scrutin.

La proclamation des résultats n'a fait qu'attiser les rivalités traditionnelles religieuses et ethniques entre le Nord et le Sud: ainsi dans la région de Jos (centre), les heurts entre musulmans et chrétiens ont fait plusieurs centaines de morts ces dernières années.

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