Plus de 200 personnes ont été tuées dans les émeutes qui ont suivi la présidentielle au Nigeria, a déclaré mercredi une ONG, alors que le perdant, l'opposant Muhammadu Buhari, exigeait la fin des violences tout se disant victime d'un trucage informatisé.
"Le bilan des morts dépasse les 200 dans toute la région, d'après les informations qu'a reçues Civil Rights Congress", a déclaré son chef Shehu Sani, évoquant les émeutes qui ont secoué pour l'essentiel le Nord du Nigeria, déshérité et à dominante musulmane.
Plus de mille personnes ont été arrêtées dans la seule ville de Kaduna, où un couvre-feu de 24 heures sur 24 est en vigueur, a ajouté le responsable de l'ONG.
Les autorités ont déjà déclaré que les violences avaient fait des morts mais sans donner de bilan pour ne pas attiser l'engrenage des représailles entre communautés musulmanes et chrétiennes.De nombreux corps ont aussi été brûlés ou jetés dans des puits, rendant le bilan difficile.
La Croix rouge a fait état de "nombreux morts", de plus de 400 blessés et près de 40.000 déplacés qui ont cherché refuge auprès de la police et de l'armée.
Des couvre-feux et patrouilles militaires avaient ramené un certain calme mercredi.
Principal candidat de l'opposition, le général Buhari, un musulman du Nord, est arrivé second avec 31 % des voix derrière le président sortant, Goodluck Jonathan, un chrétien du Sud, région plus riche grace au pétrole.Le vainqueur du scrutin de samedi a obtenu 57% des suffrages, selon la Commission électorale indépendante.
Le général Buhari, 69 ans, ancien chef de junte dans les années 1980, conteste la victoire de son rival mais a dit qu'il respecterait les canaux légaux - une plainte a été déposée auprès de la Commission électorale - et a appelé à la fin des violences.
Interrogé par des journalistes pour savoir s'il aurait gagner sans les irrégularités, il a répondu: "je pense que oui".
"Si vous examinez les résultats qui nous sont attribués (par la commission électorale), vous verrez qu'il s'agit quasiment des mêmes résultats qu'on nous avait attribués en 2003, ce qui signifie que les trucages étaient programmés cette fois-ci par des moyens technologiques sophistiqués", a-t-il ajouté en référence au nouveau système informatisé de la commission électorale.
Il avait auparavant affirmé à la Voix de l'Amerique que dans la région pétrolifère du delta du Niger, dans le Sud, "et dans le sud-est il n'y a pas eu (vraiment) d'élections et nos partisans n'ont pas été autorisés à voter".
Plusieurs Etats du Sud ont annoncé des résultats allant de 95 % à plus de 99% des voix en faveur de M. Jonathan.
Dans l'Etat de Kaduna (centre-nord), un responsable religieux a parlé sur une radio locale "de massacres incroyable et de destructions colossales".
La Croix-Rouge mentionne de son côté de "nombreux morts".
"Le nombre des déplacés a grimpé à 39.700 et le nombre des personnes blessées est passé à 410", a déclaré mercredi à l'AFP un responsable de l'organisation, Umar Abdul Mairiga.
Les émeutes ont affecté 14 des 36 Etats du Nigeria, notamment ceux de Kano, Kaduna, Sokoto: des manifestants musulmans ont y brûlé des commerces, des églises et des maisons, selon un responsable nigérian de la sécurité.
On a vu des foules de gens armés de machettes et de gourdins sortir des gens de leurs voitures ou incendier des maisons, provoquant ensuite des représailles de chrétiens.Parfois l'initiative des violences est attribuée à ces derniers qui ont brûlé des mosquées.
Le président Jonathan a appelé mardi "les chefs politiques et religieux à condamner ces actes afin que notre pays connaisse un développement à la place de la destruction".Selon lui, la plupart des émeutiers sont des "jeunes au chômage" manipulés et que le gouvernement va aider.
Goodluck Jonathan, 53 ans, qui était vice-président, est devenu chef de l'Etat en mai 2010 au décès de son prédécesseur musulman Umaru Yar'Adua.
L'élection, selon les observateurs, a semblé dans l'ensemble plus honnête et transparente que les précédentes au Nigeria.Les Etats-Unis ont félicité mardi soir M. Jonathan pour sa victoire et demandé le respect des résultats.
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