Présenté par les médias allemands comme Bai Lowe mais seulement identifié comme Bai L. par la justice fédérale, le suspect, interpellé à Hanovre en mars 2021, a été mis en accusation le 22 février pour crimes contre l'humanité, meurtres et tentatives de meurtre entre 2003 et 2006, selon un communiqué du parquet. Il revient désormais au tribunal régional de Celle (Basse-Saxe) de décider s'il doit être renvoyé en procès. Il était à ces dates le chauffeur d'une unité des forces armées chargée d'assassiner des critiques du régime de Yahya Jammeh, président alors au pouvoir à Banjul. Cette unité était utilisée, "entre autres, pour exécuter des ordres d'assassinat illégaux. L'objectif était d'intimider la population gambienne et de réprimer l'opposition", décrit le parquet fédéral dans son communiqué. "Dans ce contexte, l'accusé a participé à trois ordres de liquidation de ce type au total", ajoute le parquet. Le suspect est notamment soupçonné d'être impliqué dans l'assassinat par balles le 16 décembre 2004 du journaliste gambien Deyda Hydara, correspondant de l'AFP. Il aurait convoyé en voiture les assassins du journaliste, selon l'acte d'accusation du parquet fédéral. Fin décembre 2003, l'unité avait aussi reçu l'ordre de tuer un avocat à Banjul. "En sa qualité de chauffeur, l'accusé a transporté les autres membres sur le lieu de l'attaque. Là, un membre de l'unité a tiré plusieurs coups de feu sur l'avocat", le blessant grièvement, selon le parquet fédéral. "Par la suite, probablement en 2006, des membres de l'unité ont abattu un opposant présumé au président gambien près de l'aéroport de Banjul", poursuit le parquet fédéral. Là encore, le suspect a servi de chauffeur aux auteurs de l'exécution. La justice allemande applique ici le principe de la "compétence universelle" qui permet de juger en Allemagne certains crimes quel que soit l'endroit dans le monde où ils ont été commis. Arrivé au pouvoir par un putsch en juillet 1994, Yahya Jammeh s'était fait élire en 1996 puis réélire sans interruption jusqu'à sa défaite en décembre 2016 face à l'opposant Adama Barrow. Les défenseurs des droits de l'Homme ont accusé son régime de tortures systématiques, d'exécutions extrajudiciaires, de détentions arbitraires, de disparitions forcées et de viols.
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