La Libye s'est retrouvée avec deux gouvernements rivaux après que le Parlement a approuvé mardi un nouvel exécutif dirigé par M. Bachagha, un ex-ministre de l'Intérieur défiant le cabinet en place dirigé par Abdelhamid Dbeibah qui refuse de céder le pouvoir avant la tenue d'élections. La prestation de serment de la nouvelle équipe doit avoir lieu jeudi devant le Parlement à Tobrouk mais M. Bachagha a accusé son rival d'empêcher ses membres de s'y rendre. "Nous avons reçu des informations selon lesquelles le gouvernement sortant a abusé de son pouvoir (...) en fermant complètement l'espace aérien", a affirmé M. Bachagha dans une lettre au Procureur général, datée de mercredi. "Ceci est une violation flagrante du droit de circulation garanti par la Constitution et une atteinte contre les autorités (..) qui sont empêchées de remplir leurs missions", selon cette lettre dont une copie a été transmise à l'AFP par le service de presse de M. Bachagha. La chaîne de télévision locale Libya al-Ahrar, citant "des sources proches" de M. Bachagha a indiqué jeudi que deux membres du gouvernement désigné sont "détenus" par "un groupe armé", sans préciser lequel. Hafed Gaddour, désigné aux Affaires étrangères, et Mme Saleha al-Toumi, nommée à la Culture, "ont été arrêtés alors qu'ils se rendaient par la route à Tobrouk pour prêter serment", selon la chaîne. Lors d'un vote qui a suscité de vives protestations sur son irrégularité, le Parlement siégeant à Tobrouk (Est) a accordé mardi sa confiance au cabinet de M. Bachagha. Le gouvernement en place à Tripoli, dirigé par M. Dbeibah, a dénoncé une "fraude évidente dans le décompte des voix" et affirmé que "le quorum nécessaire pour accorder la confiance n'a pas été atteint". A peine nommé à l'Economie et Commerce par Fathi Bachagha, Jamal Salem Chaaban a annoncé sa démission jeudi, dénonçant un "manque de transparence et de respect de la procédure" lors du vote de confiance. "Faire partie de ce gouvernement qui ramène la guerre et la destruction dans la capitale n'est pas un honneur", a-t-il déclaré, dans une vidéo diffusée par des médias locaux. Mercredi, l'ONU a exprimé, dans un communiqué, la préoccupation de son secrétaire général Antonio Guterres face aux informations sur un vote au Parlement libyen "sans respect des normes attendues de transparence et de procédures" et évoqué "des actes d'intimidation avant la session" à l'encontre de députés. Déjà minée par les divisions entre institutions concurrentes à l'Est et à l'Ouest, la Libye se retrouve de fait avec deux gouvernements rivaux, comme elle l'avait été entre 2014 et 2021, durant la guerre civile.
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