Le Soudan, l'un des pays les plus pauvres au monde, est plus divisé que jamais: comme juste avant le coup d'Etat du général Abdel Fattah al-Burhane le 25 octobre, des cortèges concurrents défilent à Khartoum. Samedi, les partisans du pouvoir militaire, certains juchés sur des chameaux, conspuaient "les ingérences de l'étranger" et hurlaient leur "soutien" à l'armée. Au milieu de danseurs traditionnels et alors qu'un organisateur haranguait la foule sur une estrade, donnant "mandat au général Burhane pour diriger le pays jusqu'à la fin de la transition", ils brandissaient des pancartes. L'une montrait le visage de l'émissaire de l'ONU au Soudan, Volker Perthes, barré d'une croix rouge. Une autre encore disait "non à l'ingérence onusienne". L'ONU a récemment débuté des rencontres en vue d'un éventuel dialogue pour remettre la transition vers la démocratie sur les rails et faire revenir l'aide des bailleurs internationaux. Comme cela avait déjà été le cas lors d'autres manifestations pro-armée, des participants ont agressé plusieurs journalistes, selon l'AFP. Dans la matinée, des centaines de pro-armée avaient pris le train depuis Atbara, à 250 kilomètres au nord de la capitale, pour rejoindre ce cortège. Des dizaines de partisans d'un pouvoir civil avaient tenté en vain de les empêcher d'embarquer aux cris de "les militaires à la caserne" et "le pouvoir au peuple", a rapporté à l'AFP un habitant d'Atbara, Abou Obeida Ahmed. Il y a une dizaine de jours déjà, des milliers de manifestants pro-armée avaient conspué l'ONU et son appel au dialogue devant son QG à Khartoum. M. Perthes avait dénoncé une initiative des "amis du NCP", le Parti du Congrès national du dictateur Omar el-Béchir, renversé en 2019 par l'armée sous la pression de la rue. Dans le même temps, chaque semaine, des milliers de partisans d'un pouvoir civil réclament le départ des généraux. Selon des médecins pro-démocratie, 79 d'entre eux ont été tués par des balles et des grenades lacrymogènes. Samedi, de nouveau, des centaines de femmes dénonçaient ces violences à Omdourman, banlieue nord-ouest de Khartoum, a indiqué à l'AFP l'une des manifestantes. S'ils veulent l'exact opposé l'un de l'autre, les deux camps qui manifestent s'accordent sur un point: le rejet du dialogue prôné par l'ONU. Les pro-armée veulent entériner le statu quo post-putsch alors que les pro-démocratie refusent désormais tout partenariat avec les généraux. En 2019, après trente années de dictature militaro-islamiste de Béchir, les civils avaient choisi de partager le pouvoir avec l'armée, quasiment toujours aux commandes au Soudan depuis son indépendance il y a 66 ans. Mais aujourd'hui, crient la société civile et ses partisans, "pas de partenariat, pas de négociation" possibles avec les généraux qui, selon eux, travaillent au retour des réseaux du NCP.
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