Connu pour ses éditoriaux critiques envers les autorités, M. Raissouni, 49 ans, est accusé d'"agression sexuelle" par un jeune militant LGBTQ. Des faits qu'il conteste, assurant qu'il est poursuivi "à cause de ses opinions". Arrêté en mai 2020, l'ancien rédacteur en chef d'Akhbar Al Yaoum, un journal en cessation de paiements depuis mars dernier, avait boycotté son procès en première instance (février-juillet 2021). Lundi, devant la cour d'appel, il a catégoriquement nié avoir eu "une quelconque relation" avec le plaignant, un militant des droits des minorités sexuelles au Maroc, et l'avoir "harcelé, séquestré et agressé", selon un journaliste de l'AFP présent à l'audience. Le juge l'a notamment interrogé sur un post Facebook dans lequel le plaignant l'accuse, sous pseudonyme, de l'avoir violé à son domicile, ainsi que sur des conversations qui prouveraient qu'il "harcelait" son accusateur. "Je n'ai rien à voir avec ces documents", a répondu M. Raissouni qui s'est efforcé de convaincre le tribunal d'"incohérences" et de "contradictions" dans les déclarations du plaignant. Le juge a décidé de poursuivre son interrogatoire le 17 janvier. Incarcéré depuis le 22 mai 2020, le journaliste a semblé en bonne santé après avoir engagé une grève de la faim l'été dernier pour protester contre son arrestation, ce qui l'avait empêché d'assister à la plupart des audiences de son procès. Il avait fini par suspendre sa grève de la faim au bout de 122 jours à la suite d'appels de ses défenseurs au Maroc et à l'étranger, avant d'être brièvement hospitalisé. La justice a rejeté toutes ses demandes de remise en liberté. Son comité de soutien au Maroc a dénoncé un procès "à caractère politique et revanchard". Reporters sans Frontières (RSF) a réclamé un procès "équitable". Les autorités marocaines, elles, affirment que M. Raissouni a bénéficié d'un procès "équitable" et que les poursuites "n'ont rien à voir avec son travail journalistique". Lors du procès, le plaignant a plaidé pour son "droit à la justice", en niant toute instrumentalisation visant à cibler le journaliste. Deux autres journalistes marocains, Omar Radi et Taoufik Bouachrine, ont été condamnés à de lourdes peines de prison ferme pour des agressions sexuelles qu'ils nient. M. Radi est également accusé d'"espionnage". Le Maroc occupe la 136e place sur 180 pays du classement mondial de la liberté de la presse de RSF.
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