L'entrée et la sortie de l'aéroport Mohammed V de Casablanca, la capitale économique du Maroc, grouille de monde ce lundi après-midi.
Les voyageurs qui s'apprêtent à partir croisent ceux qui rentrent après plus de deux mois de suspension des vols passagers due à la crise sanitaire.
Derrière des barrières métalliques, installées près d'un énorme chapiteau où des tests de détection du Covid sont effectués, Nizar guette la sortie de son épouse qui a pris "le premier avion trouvé" depuis Paris.
"Moi même, je n'ai pu rentrer que la semaine dernière à bord d'un jet privé, suite au décès de mon père.J'ai malheureusement raté l'enterrement, je vous laisse imaginer ma douleur depuis", confie à l'AFP ce trentenaire installé à Paris.
Non loin, une femme encombrée par ses valises se jette en pleurs dans le bras d'une proche."Ne pleures pas, tu es là maintenant", lui lance-t-elle.
La réouverture des frontières aériennes -- quelque peu éclipsée par la mort tragique du petit Rayan tombé dans un puits dans le nord du pays -- s'accompagne de mesures restrictives strictes pour entrer sur le territoire marocain.
Tout voyageur doit présenter un pass vaccinal et un test PCR négatif de moins de 48 heures, selon un communiqué du gouvernement.
A l'arrivée au Maroc, il est soumis à un test antigénique rapide et des tests PCR "aléatoires" sont effectués sur des groupes de passagers.
Les passagers testés positifs devront s'isoler dans leur lieu de résidence.
- "Quel bonheur !" -
"J'appréhendais énormément mon arrivée mais le processus est plutôt fluide.Quel bonheur d'être au bled ! Et ce beau soleil me change de la grisaille et du froid de l'Allemagne", s'enthousiasme Issam, 26 ans, étudiant en médecine.
"Je suis soulagée que mon fils puisse rentrer en France pour poursuivre ses études.Il a déjà plus d'un mois de retard.J'espère que ça ne va pas le pénaliser", témoigne Fatima, une quinquagénaire, à l'entrée de l'aéroport.
La fermeture a soulevé de vives protestations de l'importante diaspora marocaine et des résidents coincés dans le royaume.
"J'ai perdu beaucoup de projets, financièrement c'est compliqué", peste Younes, 33 ans, établi à Paris mais qui travaille dans l'audiovisuel avec des partenaires marocains.
Jean-Pierre Druart, un Belge installé avec sa femme algérienne depuis 2009 au Maroc, est "soulagé" de rentrer.
"Je devais rentrer fin novembre d'une mission en Mauritanie.J'ai été bloqué dans le désert.Ce n'était pas facile car ma femme est malade", raconte cet ingénieur de 67 ans qui revient de France.
La suspension des vols passagers a frappé de plein fouet le tourisme, secteur clé de l'économie du pays.
Les pertes, sur deux ans, sont colossales: 20 millions de voyageurs et 90 milliards de dirhams (plus de 8 milliards d'euros) de revenus en devises.
Certes, un plan d'urgence de deux milliards de dirhams (près de 190 millions d'euros) a été déployé mais sans convaincre les acteurs touristiques qui le juge trop timide.
"L'ouverture des frontières est une décision très opportune et très attendue.Un pas significatif", déclare à l'AFP Jalil Benabbès-Taarji, président de l'Association nationale des investisseurs touristiques (ANIT).
Les conditions d'entrée au Maroc -- même si elles sont plus souples qu'avant la fermeture des frontières le 29 novembre -- sont trop contraignantes, regrettent les professionnels du secteur.
"Les protocoles de voyage devraient évoluer rapidement et s'alléger pour aligner notre pays sur les meilleures pratiques internationales", espère M. Benabbés-Taarji, pour qui un schéma vaccinal complet avec une dose de rappel "devraient suffire" pour entrer au Maroc.
Pour les touristes, en plus du pass vaccinal et du test PCR, les autorités prévoient "la possibilité d'effectuer un test supplémentaire à l'hôtel ou au centre de résidence 48 heures après leur entrée sur le territoire".
Si les avions redécollent, le transport maritime de passagers reste suspendu, a précisé une source informée au ministre du Transport, sans toutefois communiquer une date de reprise.
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