L'avocat Henry Kemende, sénateur du Social Democratic Front (SDF), l'un des principaux partis de l'opposition à l'inamovible président Paul Biya, "a été tué cette nuit par des gens armés non identifiés" à Bamenda, chef-lieu du Nord-Ouest, l'une des deux régions, avec le Sud-Ouest, peuplées majoritairement par la minorité anglophone du Cameroun, a annoncé par téléphone à l'AFP, sous couvert de l'anonymat, un responsable local du ministère de la Communication. "On a retrouvé son corps la poitrine criblée de balles", a confirmé à l'AFP Joshua Osih, vice-président du SDF. D'après lui, le véhicule de la victime, à bord duquel l'élu se trouvait au moment de l'attaque, "a disparu". L'information a été confirmée à l'AFP par un responsable du Sénat qui a requis l'anonymat. Le meurtre n'avait pas été revendiqué à la mi-journée mercredi. "Nous supposons que ce sont les +Ambazoniens+", accuse M. Osih, en référence aux groupes armés réclamant l'indépendance des deux régions anglophones sous le nom d'"Ambazonie". Depuis cinq ans, après la répression de manifestations pacifiques accusant le pouvoir central et la majorité francophone du pays d'ostracisme à l'égard des anglophones, séparatistes armés et militaires s'affrontent dans un conflit meurtrier. Des ONG internationales et l'ONU blâment régulièrement les deux camps pour des crimes et atrocités visant les civils. Les groupes armés sont régulièrement accusés d'enlever, tuer ou mutiler des civils qu'ils accusent de "collaborer" avec Yaoundé et des responsables de l'administration ou des personnalités politiques. Plusieurs cadres locaux ou nationaux du SDF ou leurs biens ont déjà été leurs cibles, dont John Fru Ndi, président du parti et plusieurs fois candidat à la présidentielle contre M. Biya qui, à 88 ans, dirige le pays d'une main de fer depuis près de 40 ans. M. Osih estime que les séparatistes en veulent au SDF car ce parti majoritairement anglophone participe aux institutions et s'oppose à une partition du Cameroun. Il est le troisième parti représenté à l'Assemblée nationale, archi-dominée, comme le Sénat, par le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) de M. Biya. Le chef de l'Etat est accusé par les ONG et l'ONU de mener une répression implacable dans les zones anglophones et sur toute opposition politique. Le conflit en zone anglophone a fait plusieurs milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés depuis début 2017, selon l'ONU et les humanitaires.
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