Les manifestants ont défilé dans la capitale soudanaise et sa banlieue nord, brandissant des drapeaux du pays et les portraits des 85 victimes de la répression lancée depuis le putsch du général Abdel Fattah Al-Burhane le 25 octobre. Les forces de sécurité ont tenté de disperser les manifestants en tirant des grenades lacrymogènes et cinq blessés ont été secourus par leurs camarades, notamment aux abords du palais présidentiel où siège le général Burhane, a constaté un journaliste de l'AFP. "Vive les Kandakas!", ont scandé les manifestants, pour célébrer les femmes soudanaises pendant ces défilés qui coïncidaient avec la journée internationale des droits des femmes. Au même moment, Babiker Faisal, membre du parti d'opposition des Forces de la liberté et du changement (FLC), principal bloc politique civil du pays, a été arrêté alors qu'il assistait à des funérailles dans la banlieue de Khartoum-Nord, a annoncé le parti de l'Alliance unioniste dans son communiqué. M. Faisal est membre de la Commission chargée de récupérer les biens spoliés par le régime du dictateur Omar el-Béchir évincé en avril 2019 par l'armée sous la pression de la rue. Cette commission, dont plusieurs membres ont déjà été arrêtés en février, est particulièrement visée par le pouvoir militaire. Deux de ses membres, également ministres, attendent derrière les barreaux que leur soient notifiées des charges. Le général Burhane avait récemment laissé entendre dans les médias qu'ils étaient soupçonnés de malversations. L'ONU estime qu'environ 1.000 personnes ont été arrêtées depuis le coup d'Etat, dont des femmes et des enfants. "Les autorités soudanaises ne doivent plus user de force excessive, ni tirer à balles réelles sur les manifestants", a exhorté lundi la Haute-Commissaire aux droits de l'Homme de l'ONU, Michelle Bachelet. De leur coté, une dizaine d'ambassadeurs, dont celui de France, d'Allemagne, du Royaume-Uni et des Etats-Unis, ont accusé mardi dans un communiqué conjoint le pouvoir militaire de "limiter les libertés d'expression et de rassemblement". Le général Burhane avait reconnu le mois dernier que des officiers avaient fait usage de fusils contre des manifestants mais assuré qu'il s'agissait d'initiatives personnelles contrevenant aux ordres.
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