"Nulle part ailleurs dans le monde nous assistons à un enfer comme au Tigré", a déclaré le directeur général de l'OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, lui-même originaire de cette région. "C'est tellement épouvantable et inimaginable à notre époque, au 21e siècle, qu'un gouvernement refuse à son propre peuple, depuis plus d'un an, l'accès à la nourriture, aux médicaments et à tout ce qu'il faut pour survivre", a-t-il ajouté, réclamant une résolution "politique et pacifique" du conflit. Le conflit au Tigré a fait des milliers de morts et la région, soumise selon l'ONU à un "blocus de facto" de l'aide humanitaire, manque de nourriture et de médicaments. L'OMS n'a pas été autorisée à acheminer des médicaments et du matériel médical au Tigré depuis la mi-juillet de l'année dernière, malgré ses demandes répétées, auprès notamment du cabinet du Premier ministre éthiopien et du ministère des Affaires étrangères, selon le Dr Tedros. Ce dernier a rappelé que même au plus fort de la guerre en Syrie ou au Yémen, l'OMS a toujours pu faire parvenir de l'aide aux populations qui en avaient cruellement besoin. Présent à ses côtés pendant la conférence de presse, le responsable des opérations d'urgence à l'OMS, Michael Ryan, a également fait part de son indignation. En raison de ce blocus, "il y a des personnes qui (...) n'ont pas accès aux interventions de base qui permettent de sauver des vies. "De mon point de vue, c'est une insulte à l'humanité que de permettre qu'une telle situation perdure, de n'autoriser aucun accès", a-t-il dit. La région du Tigré est le théâtre depuis 14 mois d'un conflit armé entre gouvernement fédéral et anciennes autorités locales, issues du Front de libération du Peuple du Tigré (TPLF), parti qui dirigea de fait l'Ethiopie durant près de 30 ans, jusqu'à l'arrivée au pouvoir de l'actuel Premier ministre Abiy Ahmed. Prix Nobel de la paix 2019, M. Abiy a envoyé en novembre 2020 l'armée fédérale au Tigré pour en destituer les autorités régionales qui contestaient son autorité depuis plusieurs mois et qu'il accusait d'avoir attaqué des bases militaires. Une contre-offensive du TPLF a permis aux rebelles de reconquérir fin juin 2021 l'essentiel de la région et de progresser dans celles voisines de l'Amhara et de l'Afar. En décembre dernier, ils se sont repliés dans leur fief du Tigré face à une offensive militaire des forces gouvernementales. La semaine dernière, le gouvernement éthiopien a annoncé l'amnistie et la libération de plusieurs personnalités politiques incarcérées, dont des dirigeants de l'opposition et du TPLF, une mesure saluée par les Nations unies et l'Union africaine.
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